Après cette annonce monumentale, j'ai du recommencer à vivre au
quotidien, en sachant que j'étais un kit 2 en 1, et que je voulais garder ce
secret encore un petit moment, Parce qu'on est à l'abri de rien.
Et accessoirement, être étudiante sage-femme et enceinte, c'est
la DÈCHE. Car tu deviens paranoïaque.
Déjà, en tant que primipare (femme qui attend son premier
enfant), tu es la paranoïa même et tu es prête à tomber dans n'importe quel
piège marketing pour protéger cette précieuse chose (qui te fait des douleurs
ligamentaires en mode coup de couteau dans les fesses: les enfants sont
merveilleux) et tu achètes n'importe quel gadget, genre même la crème
anti-vergetures en novembre alors que tu sais que tu ne seras pas une baleine
avant février-mars.
Mais quand tu cumules primiparité + étudiante sage-femmité, tu
peux croire à n'importe quel théorie du complot qui concerne toute chose
intra-utérine, ou extra-utérine. "MON DIEU NE SUIS-JE PAS EN TRAIN DE
FAIRE UNE GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE ?". Tous les jours, en cours, on
t'enseigne les pathologies qui peuvent faire de ton précieux embryon un humain
sourd, muet, aveugle, ou analphabète.
(Déjà qu'à ce stade de la grossesse il est pas excessivement
beau, t'as pas envie qu'il cumule tous les handicaps possibles)
Alors tu deviens la casse-couille de la nourriture. Tu ne sais
même pas si tu peux boire sereinement ton verre de lait sans attraper la
listériose. La listériose c'est une bactérie qui se développe dans la
charcuterie, le poisson cru et qui est fatale pour le foetus.
Oui, charcuterie et poisson cru. J'AI DU DIRE NON AU JAMBON CRU
DE MON GRAND-PÈRE A NOËL, MON PLAISIR DE L'APÉRO DE NOËL. (Et j'ai
accessoirement maté le papa en mode psychopathe pendant qu'il mangeait le
jambon cru, lui ordonnant de "le savourer et t'as intérêt à me ramener ça
et des sushis le lendemain de mon accouchement, si tu me ramènes autre chose
que ça, même des fleurs, tu seras recalé devant la porte").
Oui, parce qu'on a pas le droit aux sushis non plus, et que
bien-sûr c'était ma seule envie de femme enceinte, en ce début de grossesse. Et je valide, ce n'est pas un mythe: quand on me refuse une envie de nourriture je pleure de façon incontrôlée, ainsi nous avons mangé pendant 1 semaine des Tender's de KFC, et la semaine suivante des artichauts (il ne faut pas chercher à comprendre des fois !).
Mon stage s'est fini tranquillement, et je suis retournée en
cours fin novembre.
Il fallait se sortir les doigts du le fondement bouger, car nous
avions des CC en décembre. Les CC, aussi appelés contrôles continus ou
suppositoires de Satan, ce sont des mini-partiels, à petit coefficient, qui
comptent pour le pourcentage de la note finale d'un UE.
Nous devions passer le CC d'Agents Infectieux (en gros les
bactéries/virus/parasites: intoxications alimentaires, morve et autres vers
solitaires) en premier. Dit comme ça, ça paraît peu ragoûtant mais pas très
compliqué, pourtant c'est à mon goût la matière la plus dense du premier
semestre, vous n'imaginez pas le nombre de bactéries qui peuvent vous refiler
la diarrhée.
J'ai d'ailleurs loupé le traditionnel repas inter-promos de fin
d'année de l'école de sages-femmes, dans un petit restaurant tout mignon en
centre ville. Oui, quand vous achetez un Quick, vous vous achetez un ticket
pour la gastro, ils sont sympas, c'est offert avec le menu XL. Mais d'après les
filles c'était un super moment, où chacune doit emmener un petit cadeau à
offrir à une fille de l'école au hasard (il y a des étudiantes de toutes les
promos). Ça permet de se rencontrer, un peu moins alcoolisées et un peu plus classes
qu'au WEI, avec du foie gras en bouche.
Ensuite, nous avions le CC d'UE2, je sais même pas le nom de la
matière, mais en gros c'est la physio. Je connaissais par cœur le mécanisme de
la miction (en gros de comment ça se passe dans la tête quand tu vas faire
pipi).
En écrivant ces lignes, je m'aperçois que ce qu'on apprend à
l'école de sages-femmes relève beaucoup des fluides corporels, mais qu'on s'y
habitue. On peut parler de choses dégueus tranquillement à table (enfin, pas
trop dégueus, car quand on case le mot Verrue à Gnégnile qui essaye de prendre
le petit déjeuner tranquillement on se fait engueuler comme du poisson pourri).
Puis, peu avant les vacances de décembre, nous avions le partiel
d'option à passer. Cette fois-ci, c'était un vrai partiel car nous avons la
possibilité de prendre des options qui sont mutualisées avec la fac de
médecine.
J'ai donc passé mon UE L'enfant en décembre, après avoir appris
des choses vachement intéressantes sur le développement, et m'être confortée
dans l'idée qu'ils ont beau être attendrissants, ils sont quand même un peu
berlauds à la naissance, mais qu'il ne sert à rien de "laisser pleurer un
nouveau-né pour lui apprendre la vie" comme vous dira Tata Jacqueline à la
maternité, après vous avoir dit de "mettre de la farine dans son biberon,
il fera sa nuit".
Dans cette UE, il y avait des cours chiants scientifiques où on
étudiait le développement des papilles gustatives. Saviez-vous que le gras
était une saveur ? Genre salé, sucré, amer, acide, et GRAS ? Je pense avoir une
surproduction de papilles qui aiment le gras, d'où mes envies récurrentes de
Macdos et autres Pizza Hut.
Le vendredi juste avant les vacances de Noel, j'ai fait un combo d'émotions:
-
J'ai dû annoncer à la promo que non, je n'avais
pas pris mes kilos de noël avant noël, mais que j'avais bel et bien un petit
bébé dans le ventre, et que oui, quand on vomit sa pilule elle n'est plus
efficace, et que oui, ça allait être chouette parce qu'elles allaient pouvoir
se battre à me faire accoucher pour celles qui seront en stage en salle de
naissance courant juillet
-
On nous a attribué un appartement tout beau tout
neuf avec 2 chambres, des petits bouts de jardins et donc une belle promesse de
nid douillet pour notre petit chat
-
J'ai été embauchée dans une prépa pour être
tutrice sage-femme, avec Matilde, celle-là même qui avait écrit le si bel
article sur mon blog. Je vais donc pouvoir avec plaisir préparer au concours
des P1 qui veulent être sage-femme, et j'espère faire de mon mieux pour les
rassurer et leur expliquer l'unité foeto-placentaire. Bon, avec mon gros bide
ils pigeront vite que j'ai compris le cycle de la vie, je devrais ne pas trop
perdre en crédibilité.
Je suis donc partie en vacances de noël épuisée, mais heureuse,
avec une promesse d'année 2016 qui va être plus que mémorable.
Et en 2 ans de P1 j'avais oublié ce que c'était que de pouvoir profiter des vacances de Noël sans penser à un concours à la rentrée, les partiels sont fin janvier, donc on est laaaarges (du moins dès qu'on ouvre un cahier, on se dit ça !)
Cool ça fait plaisir de te retrouver toi et ta bonne humeur. Je crois que " les suppositoires de Satan " ne sont pas passés. Il a fallu une bonne minute pour me remettre ^^
RépondreSupprimerJe te souhaite beaucoup de bonheur et bon courage :-)
Whaou je n'ose même pas imaginer la réaction de ta promo à l'annonce de ta grossesse ! Ça devait être quelque chose quand même !
RépondreSupprimerEn tout cas bonne continuation à vous trois ! Et plein de bisous de la part d'une Sma2 parisienne !