Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

vendredi 30 octobre 2015

Bilan de la première semaine de stage...

J'arrive à la fin de ma première semaine de stage. Déjà ! (enfin, une autre partie de moi a envie de dire "Enfin !" en repensant au seum que j'ai quand mon réveil sonne à 6h, chose qui n'est pas arrivée depuis le lycée).

La veille au soir, je ne faisais pas la maligne. Dans le week-end déjà je sentais un peu la pression monter, j'en ai parlé dans cet article, mais plus ça allait, plus j'avais envie de me cacher dans un coin et de mordre la première personne qui s'approcherait trop de moi.
J'ai relu en long, en large, en travers les protocoles de l'hôpital, même si je sais qu'en théorie tu dois faire les choses avec un temps minutieux et moultes petites vérifications et qu'en pratique, quand ton patient a besoin de toi et que CA URGE, tu te fies à ton instinct et tu réponds à ses attentes au lieu de réciter ton protocole en le regardant se liquéfier sur place (je ne dis pas là que je ne respecte pas les protocoles d'asepsie, Pasteur je t'aime et je ne te trahirai point)
La nuit, je me suis réveillée tous les quart d'heure en mode "OH PUTAIN PUTAIN MON REVEIL A PAS SONNE". J'avais mis 3 réveils, mais on sait jamais, des fois le sort peut être contre soi... Par chance, j'ai bien entendu les 3 réveils. En même temps. A 6h. Et j'étais pas du tout de bonne humeur, à me lever dans le froid, en laissant seul dans notre lit le mâle, qui lui vient de finir son stage et qui va donc passer les 7 prochaines semaines bien au chaud chez nous à bosser sagement ses ECN, ET A POUVOIR DORMIR ! Je ne sais pas quelle force mentale a réussi à me retenir de lui mettre mes pieds froids dans le dos pour le réveiller, c'était dur pour moi d'être la seule à devoir affronter le froid et l'envie de retourner me pieuter.

Je suis arrivée à l'école à 6h30 (après avoir constaté qu'il me fallait seulement 4 minutes de voiture, qu'il y avait vachement moins de circulation et vachement plus de places à cette heure là, j'étais contente, et puis je me suis dit que tout le monde dormait, donc j'étais jalouse et frustrée).
Dans les vestiaires de l'école, Matilde et Gnégnile étaient les fesses à l'air. Non, elles ne s'exhibaient pas, elles se changeaient juste, en constatant que
- soit les pantalons mis à notre disposition ne correspondaient pas aux tailles que nous avions commandées lors des essayages
- soit nous avons pris du cul.
Option 2: on a pris du cul, mais avec le froid, les raclettes sont revenues au goût du jour, et la quantité de cellulite est proportionnelle à la quantité de raclette ingurgitée !

J'ai enfilé (non pas sans tortiller des fesses) ma tenue, et malgré ma frustration de m'être levée à 6h00, j'étais fière.

Pour ce premier jour, j'avais la chance de ne pas être seule, larguée dans le service. J'étais accompagnée d'Elsa (oui, comme la Reine des Neiges, je lui demanderai si elle a des pouvoirs magiques, mais pour le moment elle me les a bien caché), et on était aussi flippée l'une que l'autre.
La plus grande crainte que j'avais, c'était de rentrer dans le service, de me présenter, et que les soignants m'ignorent totalement voire me mordent et m'insultent de sale gamine. Mais nous sommes arrivées armées de notre plus grand sourire (et de notre swag, on a toujours du swag sur nous) dans la salle des transmissions, et nous avons dit un grand "BONJOUUUUREUUUH". Enfin, dans la théorie, parce qu'en vrai on a du avoir des voix de chatons étranglés tellement nous étions timides.

Et là, j'ai découvert la position du stagiaire. Tu es debout, bras tendus le long du corps, dos droit, et dans ta tête tu te dis "tiens toi droite et ne croise pas les bras ça te donne l'air fermé et négatif et ils vont croire que tu es satan que tu t'en fous que tu vas tout plaquer pour participer dans l'émission des Anges sur NRJ12". Tu ne sais pas si tu dois t'assoir, alors tu essayes de te placer stratégiquement dans la pièce, sauf que tu te places toujours à l'endroit où quelqu'un va passer et où tu vas le gêner parce que tu es un boulet. Alors tu commences à dire le seul mot que tu sais dire: "pardon". Et les gens autour de toi se demandent si tu n'as pas le syndrome poli de la Tourette, se disent que tu es un boulet, et que si tu avais eu le syndrome normal de la Tourette ça aurait été vachement plus drôle de t'entendre dire "TA GUEULE" à répétition.

Heureusement, ce moment gênant n'a pas duré longtemps car j'ai eu la chance de tomber dans un service où les professionnels sont super sympas et nous ont vite mis à l'aise. Elles n'ont pas hésité à nous proposer de les suivre, et à partir de là j'étais lancée.
Avoir travaillé en maison de retraite m'a permis d'avoir plus vite confiance et de savoir laver des fesses autre que des fesses de bébé. Du coup, je n'étais pas du tout réticente pour faire du nursing, au contraire: au moins je me sentais utile, j'aidais les aides soignantes et les infirmières, et je montrais à quel point j'étais motivée.

Les premiers temps, j'étais beaucoup avec Elsa, et une autre stagiaire en prépa infirmière, Margot. Le courant est bien passé entre nous 3, et dès qu'une sonnette retentissait, on passait en trio dans le couloir comme ça:
(l'infirmière, c'est la maman canard, et moi, je suis le petit caneton qui se casse la gueule car il se prend les pieds dans le fil de l'appareil qui prend les constantes)

On sautait de joie quand on reconnaissait la sonnette de la petite mamie qui avait besoin de réconfort, genre "remettez moi mon coussin" "j'ai chaud" "j'ai froid" "je peux avoir un café ?", car on savait qu'elle ne demanderait pas de geste trop techniques et qu'on ne se sentirait pas inutiles à répondre "Je vais aller demander à une infirmière". On est pas encore expertes en prises de sang et autres perfusions, mais au moins, on sait mettre des sucrettes dans un café et réconforter les patientes !

J'ai appris mon service (et à ne plus me perdre dedans), mais j'ai eu la chance d'avoir une visite guidée de toute la maternité. Et comme c'est un CHU, c'est un énorme pôle, donc pour s'y retrouver, faut être accompagnée de lui:

Je ne vous dis pas l'émotion quand je suis passée (alors que je ne m'y attendais pas), dans le couloir des salles de naissance... Et que j'ai vu, en vrai de vrai, là où les femmes accouchaient, comme dans baby-boom, avec le pèse bébé et de quoi le mesurer sur la petite table d'à côté. On a même croisé un tout petit bout âgé de moins d'une heure, qu'on affublait d'un pyjama rose pétant, trop petit, tellement qu'on voyait la couche qui dépassait: ma pauvre bichette, 1h de vie et tu as déjà ta première photo dossier !

J'ai beaucoup observé au début, je ne me sentais pas prête à faire des gestes techniques, j'avais trop peur de labourer mes patients car je suis la délicatesse incarnée. Mais j'ai eu un petit moment de folie (en fait, j'ai surtout eu une infirmière qui m'a vraiment expliqué les choses et donné confiance en moi), et en l'espace d'une demi-journée, j'ai fait mes premiers gestes infirmiers !
Ca peut paraître anodin pour les personnes expérimentées, mais autant vous dire que je n'étais pas peu fière lors de ma première réfection de pansement, préparation et pose de perfusion, injection... et grand moment... ma première prise de sang !

Et oui, j'ai fait ma première prise de sang ! C'était un véritable sketch, et je pense que la patiente se souviendra de moi comme la petite étudiante qui avait l'air tellement stressée de faire ce geste qu'on aurait pu croire que c'était plus difficile que l'intervention prévue par le chirurgien le lendemain. En plus, elle avait peur du sang, et m'a dit de ne pas me louper: j'avais la pression ! La main qui prenait appui sur son bras tremblait tellement que j'ai du lui faire un massage, mais j'ai un peu trop tremblé avec celle qui prenait l'aiguille: elle est ressortie avec un petit bleu. J'étais rouge et tremblante à la fin, comme si je venais de faire un marathon, alors qu'en fait j'avais seulement charcuté une patiente ! Enfin, elle a été très cordiale et m'a dit qu'elle n'avait (presque) pas eu mal, je pense qu'elle a eu pitié, mais elle a été vraiment très sympa !

Du coup, toute la semaine, quand je suis rentrée de stage et que je suis passée dans le souterrain flippant du CHU, j'étais de bonne humeur, de plus en plus contente de moi, et surtout, je me sens à ma place, je suis tellement, tellement heureuse d'avoir trouvé ma voie !

samedi 24 octobre 2015

Interview et témoignage vidéo

Petite interview que j'ai réalisé pour le site de http://www.clubmedecine.fr où je témoigne de cette ô terrible année de concours, avec laquelle j'espère revigorer les PACES qui sont en pleine période de burn-out !

La trame de l'interview est la suivante:
"Peux-tu te présenter rapidement pour les lecteurs de ClubMedecine.fr ? 
Peux-tu nous dire quel a été ton classement en PACES ? Etais-tu primante ou doublante ?
Tu as donc choisi d’aller en Sage-Femme, qu’est ce qui t’attire dans ce métier ?
Comment prenais-tu tes cours en amphi ? Pourquoi tu choisi cette façon et pas une autre ?
Travaillais-tu en groupe que ce soit en amphi ou à la bibliothèque ? Où travaillais-tu d’ailleurs ?
Comment as-tu ressenti les jours de concours et comment t’es tu préparée ?
Quelle est selon toi la meilleure méthode à adopter pour être efficace ?
Y’a t-il une méthode secrète pour réussir sa PACES ? :D
Avec le recul et la PACES en poche, comment vois-tu finalement cette année ? Quelle a été pour toi la chose la plus compliquée ?
Un petit mot de la fin ? As-tu quelque chose à ajouter ou un conseil à donner pour les futurs étudiants en PACES ? Quelle a été ta réaction quand tu as que tu étais reçue ?"

J'espère que de me voir en vidéo ne vous a pas trop effrayé, vous remarquerez que je parle comme j'écris: avec énormément de second degré !
J'ai prodigué pas mal de conseils déjà dans ce blog, avec la description de la PACES ici et comment se préparer à la P1 ici ainsi que les questions qu'on se pose une veille de rentrée, donc désolée si je me suis répétée pour mes lecteurs déjà anciens. 

Je me suis dit qu'un support vidéo pouvait être sympa, et vous donner un aperçu d'à quoi je ressemble en mouvement !

A 2 jours de mon tout premier stage...

Lundi 26 octobre, soit après-demain, je vais aller en stage. Je vous ai déjà parlé dans un article avant de cette débâcle qu'étaient les choix de stages et des lieux/services dans lesquelles j'allais être formée cette année, mais je ne vous ai pas parlé de toute la préparation pré-stage que nous avons la chance d'avoir dans notre école.

Car oui, maintenant, j'ai accepté les gros horaires de cours, la présence obligatoire et tout le tralala, enfin je n'avais pas le choix. Une des choses qui a aidé à me faire une raison, c'est déjà que les cours ressemblent à tout sauf aux cours de PACES (parler de l'adaptation à la vie extra-utérine du nouveau né c'est tout de suite vachement plus intéressant que le cycle de Krebs, je sais pas vous mais je trouve qu'un premier cri c'est plus émouvant qu'une suite de réactions chimiques) mais aussi que nous avons de nombreux TP.

TP? Trop prenant? Tripoteur permanent? Tortue péteuse? Travaux pratiques !
(ne cherchez pas, ma blague est tellement pourrie que je suis déjà partie loin, très loin !) 

Les travaux pratiques en école de sage-femme permettent de nous entraîner à faire des gestes médicaux sur du faux matériel (des faux bras, des faux ventres et même des fausses fesses, ce qui m'a valu un rire gras), pour éviter que nos premières expérience sur le terrain ressemblent à ça:

En ce début d'année, on a déjà appris pas mal de choses 
(ceci est un classeur rempli de moultes protocoles et autres fiches techniques)

Mais on a surtout appris la chose la plus essentielle pour des professionnels de santé: faire les gestes dans l'hygiène ! En soi, le plus dur dans la prise de sang ce n'est pas la ponction (même si avec ton aiguille dans la main tu as l'impression que tu vas déchiqueter ton patient), mais tous les gestes d'hygiène à appliquer.
Tu connais la base, pas te moucher dans tes mains, te laver les mains après t'être essuyé (pas t'essuyer avec les mains puis te moucher dedans), mais là, c'est tout un programme. Il faut tout désinfecter, tout le temps, changer X fois de gants, bien s'attacher la crinière, ne pas remonter ses lunettes sinon on recommence tout à zéro: un véritable exercice de patience.
Je n'ai jamais autant niqué mes mains mis de la solution hydroalcoolique que depuis que je suis dans cette école, et je psychote en comptant dans ma tête les secondes quand je me lave les mimines !

Depuis la rentrée, nous avons donc appris les bases de l'hygiène, les injections, les perfusions, les calculs de doses, les prises de sangs, les pansements et tout le protocole de l'allaitement. Je n'ai jamais autant mis de poupons à mes nichons inexistants pour me mettre en situation, mais à défaut d'avoir de la poitrine, je sais comment allaiter (je ne pense pas que ça me servira avant quelques années au passage).

Certaines filles vont aller immédiatement en suites de naissance, le stage qui en fait rêver plus d'une: aller dans les chambres des patientes qui ont accouché avec leurs nouveaux-nés et prodiguer les premiers soins. La prof nous a prévenu "A partir du moment où vous avez une blouse (aussi peu seyante soit-elle), les gens vont assumer que vous êtes des professionnelles: vous allez devoir répondre à leurs questions !", et elle nous a tendu ça:






Quand les potes de mon copain sont venus et ont découvert ces 2 petits livrets sur le bureau, ils ont hésité à lui dire de prendre la fuite face à cette copine qui semblait lui réclamer un bébé très explicitement ou aller de ce pas à Aubert nous acheter une turbulette pour nous féliciter.
Heureusement, ils ont été assez futés pour comprendre que ces livrets donnés aux parents à la maternité nous servent de support en tant qu'étudiantes SF, et que non, leur copain ne sera pas de corvées de couches, qu'il pourra continuer à geeker avec eux.









De mon côté, comme je vous le dis pour la énième fois, je vais en gynécologie médicale: ça va être essentiellement du suivi pré et post-opératoire, de la cancéro, parfois des IVG (d'où mon article précédent où je me suis positionnée par rapport à ce geste qui est très polémique).
Je serai loin des layettes et des petites couches pleines de méconium, mais je vais, j'espère, pouvoir pratiquer en vrai mes gestes infirmiers et surtout apprendre à prendre en charge un patient dans sa globalité: savoir le rassurer et anticiper sa douleur avec les bons gestes.

Je sais que ça va être essentiellement de l'observation, mais j'ai lu, relu mes protocoles, et j'ai préparé mes affaires. Après-demain, 6h30 je serai surexcitée dans les vestiaires avec Gnégnile, en train de sautiller parce que je ne rentre pas dans mon pantalon, et en appréhendant ma première rentrée dans le service (je sais que le personnel soignant ne mord pas, mais j'ai l'air très chiante et je pars dans les aigus quand je suis en terre inconnue: je vais éviter de me faire lyncher !)


vendredi 23 octobre 2015

Les sages-femmes autorisées à pratiquer les IVG médicamenteuses

Je me positionne sur un sujet délicat aujourd'hui.

Au début du mois, les sages-femmes ont été autorisées à pratiquer l'IvG médicamenteuse, rendant ainsi cette procédure plus accessible (moins de délais pour obtenir un rendez-vous, plus de professionnels disponibles).
L'article paru annonçant la future pratique de l'avortement par les sages-femmes

Je suis profondément féministe et pro-choix, cette nouvelle m'a donc réjouie.
Etre une femme ne fait pas de nous l'unique responsable d'une grossesse, et une grossesse accidentelle peut arriver à n'importe qui, peu importe l'âge, le niveau social, et même sous contraception ! Lorsque cette situation de grossesse accidentelle arrive, certaines femmes se sentiront prêtes et mèneront à terme, mais d'autres femmes feront le choix d'interrompre la grossesse: peu importe le choix de la patiente, en tant que sage-femme, je serai là pour soutenir.

Ce que je ne supporte pas, c'est la propagande pro-vie. Oui, je ne pèse pas mes mots: pour moi, faire des vidéos avec des informations erronées (non, un embryon ne ressent pas la douleur, non un embryon ne s'étouffe pas puisqu'il "respire" par le cordon), faire des sites internet avec des témoignages culpabilisants (on ne laisse témoigner que celles qui décident de mener la grossesse à terme, et celles qui témoignent pour une IvG disent qu'elles ont gâché leur vie et sombrent en dépression...) c'est de la propagande.
Ici, un lien qui décrit les tactiques des sites anti avortement

La seule personne qui devrait choisir de la suite de la grossesse est celle qui porte l'embryon, ainsi que son partenaire s'il y a, dans le respect mutuel, l'information objective et absolument pas ce discours culpabilisant qu'on entend encore trop souvent...

"On est pas des animaux, tu as couché tu assumes": je ne crois pas que la femme ait été la seule à faire cet embryon, je ne crois pas que ce soit elle qui ait à subir une grossesse et interrompre son avenir et ses projets, en mettant au monde un enfant si elle n'est pas prête.

"Avorter c'est tuer": non, c'est interrompre un développement. Cet embryon est un enfant EN FORMATION, il n'a pas de système nerveux mature: il ne ressent pas la douleur, ne croyez pas les faux témoignages qui montrent des images chocs d'embryon qui crie; ici, un petit article scientifique sur la douleur foetale dont le début est posé à 26 semaines: soit 12 semaines après la date légale de la fin de l'IvG
Oui, le cœur bat, assez tôt même, mais il bat de façon réflexe, à cause des influx nerveux dans les cellules: c'est le même mécanisme que la queue du lézard qui continue à bouger quand on l'a coupée.

"Tu n'as qu'à le faire adopter": c'est vrai que c'est moins traumatisant et pour la mère et pour l'enfant d'être abandonné et d'y penser toute sa vie, que d'interrompre le développement au stade embryonnaire quand l'embryon n'a ni sentiments ni sensations.


Et je cite ma copine de promo, Matilde "Être sage-femme et contre l'avortement c'est comme être boucher et végétarien"

Notre métier, comme son nom l'indique, est d'accompagner les femmes. Toutes les compétences des sages-femmes sont encore malheureusement trop méconnues, certes le métier de sage-femme est apprécié, car associé à la naissance, aux bébés, mais avant tout, c'est un métier de femme pour les femmes.

Être sage-femme, c'est être au coeur de la vie des femmes que ce soit au moment de donner naissance ou à toute autre épreuve cruciale de leur féminité: premiers rapports, contraception, et doucement jusqu'à la ménopause.

Accompagner les femmes dans le vécu de leur corps qui porte le fruit de la conception, dans leur vécu de la maternité: qu'elle aboutisse à une naissance ou non.
L'essentiel étant de leur permettre de continuer leur vie et de s'épanouir personnellement et professionnellement, jusqu'au jour où elles seront prêtes, même si certaines feront le choix de ne jamais être mère.

Ne jamais les juger.

samedi 17 octobre 2015

Les premiers jours à l'école...

Il m'aura bien fallu un mois complet pour vaincre la flemme trouver le rythme et pouvoir écrire mes ressentis avec du recul. Parce que vous allez comprendre à la lecture de mon article que si j'avais raconté ma rentrée le soir même, j'aurais écrit un concerto de plaintes et gémissements sur un fond de déception monotone ! 

Comme on a pu le voir sur mon dernier article, j'étais ultra-super-méga excitée à l'idée de rentrer à l'école. J'en connaissais un peu sur l'école, mais pas l'essentiel, alors j'avais hâte de découvrir mes matières, mes horaires, mes lieux de stage...

Je pensais que j'allais me réveiller au taquet à 7h. En fait, j'étais comme ça dans mon lit:

Et je n'ai même pas été réveillée par le mâle qui devait partir en stage, pourtant, quand il se réveille pourtant c'est parfois ça:
Donc quand j'ai ouvert les yeux et qu'il était 8h sur mon réveil, j'ai paniqué à bloc car j'avais eu le temps d'oublier que ma rentrée n'était pas à 8h mais à 9h30.
Oui, j'ai pas eu beaucoup d'informations sur la rentrée, on a été tenues en haleine pendant 4 mois, et la seule information importante, j'ai réussi à l'oublier et à me déclencher une crise de panique le matin même de la rentrée. Pas très futée la gamine.

J'ai donc été plus forte que le fardeau de la fatigue, et je me suis levée.
Ca y est: j'étais a nouveau super impatiente. J'ai mis ma petite tenue de rentrée (se référer à l'article précédent où il faut toujours avoir l'air trop classe à la rentrée même si tu ressembles à une poubelle les autres jours), j'ai même fait un petit OOTD sur Instagram, parce que oui, je souffre d'une grave addiction à Instagram où je ne peux pas m'empêcher de tout prendre en photo, surtout ma bouffe, avec un joli petit angle qui rend tout tellement plus appétissant et qui cache la grosse trace de brûlure sur mes cakes quand ils ont eu chaud au cul


Je suis partie à 8h45, en me les pelant, parce que vouloir faire la belle c'est une chose, mais mettre une tenue d'été alors qu'on a oublié que le matin il faisait plus frisquet dehors que dans son lit, ça caille les miches ! Sur le chemin j'essayais de marcher droit avec mes talons de minette là, et je me suis dit "Demain, je mets mes immondices de chaussures déjà défoncées que quand mes parents me voient avec ils ne peuvent pas s'empêcher de m'engueuler". Au moins, je n'aurais pas la crainte que ma cheville parte en vrille, comme elle a eu la bonne idée de le faire devant le lycée de ma ville où il y a le plus de mâles, et où les mâles ont ri grassement en se disant "GENRE LA MEUUUUF". 

Gnégnile m'attendait fidèlement devant l'école (enfin, parce que je l'avais harcelée tout le long du chemin avec des messages du genre "ATTENDS MOI ME LAISSE PAS SEUL PUTAING JE VAIS MOURIR JE VAIS ME FAIRE ROULER DESSUS PAR LES AMBULANCES J'AI PEUR IMAGINE LES FILLES DE LA PROMO C'EST DEVENU DES MONSTRES PENDANT L'ETE !!")

Et là, devant l'école, un petit banc de bizuths. Vraiment, on avait l'air aussi à l'aise que Nadine Morano en balade dans le 93 qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine: je me demande laquelle de nous avait l'air la plus flippée. On s'était déjà parlées à la réunion de pré-rentrée, mais là c'était pas pareil. Avec le stress de la rentrée, on se sentait obligées de parler, enfin, je ne supportais pas le silence pesant et le fait qu'on se regardait sans savoir quoi se dire. En plus, je ne connaissais encore aucun prénom, la seule chose que je savais d'elles c'est qu'elles devaient me prendre pour une mongole avec un humour pourrave incapable de fermer son clapet et de laisser un peu de silence ! 
J'avais envie de me mettre comme ça: 

Heureusement ce petit moment gênant a été interrompu par les Ma3 (les 3ème année de sage-femme) qui nous ont chaudement invitées à venir prendre le petit déjeuner de bienvenue. L'appel de la bouffe, c'est radical, j'étais prête à y aller en courant vous pensez bien ! 
Mais, grandes coumiques qu'elles sont, elles nous ont d'abord fait une petite épreuve, heureusement moins sadique que le WEI (toucher des abats de poisson le jour de la rentrée ça nous aurait peut être mis dans le groove, mais l'odeur aurait rendu le moment un peu plus difficile pour les profs): sur une table il y avait plein de photos de bébés, on en piochait une au hasard. Il fallait retrouver le bébé de la photo 20 ans et des brouettes plus tard: la fille qu'on retrouvait serait donc notre marraine. 

L'année prochaine je mettrai cette photo pour faire une petite blague à ma future fillote d'école 

Le problème, c'est que je ne suis pas physionomiste du tout: je suis capable de confondre Taylor Swift et Adèle, et j'ai appris il y a seulement 1 mois que Stewie Wonder était noir (à ce moment précis Mickaël a songé à me bannir de notre appartement). Et quand je suis en stress, j'arrive encore moins à résoudre les énigmes: si on me faisait faire fort boyard je crois que je m'assierais sur les genoux de passe partout et que je me mettrai à pleurer pour cause d'excédent de stress. 

Heureusement, ma marraine de Ma3 s'est désignée, ce petit bébé blond est devenu une jeune femme brune: elle a pas lésiné sur le challenge, mais elle est tombée sur la plus berlaude des Ma2 en matière de physionomie. Heureusement que j'ai fait sage-femme et pas enquêtrice policière. Enfin, je lui ai pardonné la fourberie de sa photo quand elle m'a donné des viennoiseries. 
Parce que je fonctionne un peu comme ça: 

Elles nous ont fait visiter l'école, enfin, re-visiter pour ma part, mais j'étais contente de me familiariser avec des locaux dans lesquels j'allais me cailler les miches l'hiver. 
Puis ce fût l'heure de la réunion de pré-rentrée, dans une salle avec des gros ballons d'accouchements. J'avais envie de me jeter sur les ballons, mais je me suis dit que ça ferait fouillis le jour même de la rentrée ! 

Et là, j'ai redécouvert la sensation des cours en petit comité. Comme nous étions 27 filles, les profs nous regardaient dans les yeux, avec un trombinoscope dans une main et un sniper dans l'autre. En fait, ils faisaient l'appel et étudiaient nos visages pour apprendre nos prénoms. Gloups, nous sommes fichées. 
En 2 ans de PACES, tu as le temps de t'habituer aux grandes amphithéâtres où personne ne te connait, encore moins le prof, où tu n'as rien à prouver à personne, où tu viens un peu quand tu veux, où tu peux louper 1 ou 2 jours de cours sans avoir à te justifier (mais c'est mieux de récupérer les cours après, c'est pas comme s'il y avait un concours à passer derrière quoi), en gros malgré la prison de ton rythme de travail, tu es "libre" de t'organiser comme tu veux. 
Au fur et à mesure de la réunion, j'ai compris une chose qui a été difficile à digérer: j'allais devoir dire adieu à la liberté que nous offre la fac. Présence obligatoire en cours avec émargement à chaque heure de cours, emploi du temps connus chaque lundi pour la semaine à venir, et sous réserve de changements il faut se considérer occupée du lundi au vendredi de 8h à 18h. Plus de 10% d'absence, et c'est l'interdiction de passer une épreuve. 
Ce fût un petit coup de massue pour moi qui avait tellement pris goût à la liberté tellement que je suis allée à disney en pleine semaine en mars, et je pensais pouvoir réitérer l'expérience des week-end prolongés de temps en temps, le stress du concours en moins. Et bien, ce fût raté !

Le midi, nous avons pique-niqué ensemble devant l'école. Les langues se déliaient, on a pu parler tranquillement. L'école est en face de la maternité, et mon mâle était en stage en suites de naissance à ce moment là: il est sorti en mode fantasme-de-la-blouse-avec-ma-petite-chemise-cintrée-et-ma-petite-barbe-taillée-swag-l'air-de-rien et je suis allée fièrement le voir (en mode groupie, qui craque son slip, et qui même si elle vit avec depuis 1 an elle ne réalise toujours pas que c'est son copain). J'étais pas peu fière que mes collègues de promo le voient, mais au final, je pense que ce qui les intéressaient plus c'était leur bouffe, et ça, je comprends tout à fait, je crois qu'à leur place je n'aurais même pas levé ma tête de mon paquet de chips ! 

L'après midi, ce furent 2 heures de bactériologie. Ça parle prélèvement, pus, staphylocoques et autres joyeusetés. J'étais fatiguée, mes yeux piquaient: j'avais aussi oublié ce petit détail: à 14h, dans une petite salle de cours, avec un prof qui parle doucement, ça relève de l'impossible de ne pas s'endormir. Je n'avais qu'une hâte: rentrer chez moi. 

A 16h, je suis limite rentrée en courant pour rejoindre Mickaël. Il s'attendait à voir une surexcitée en joie, prête à tout lui raconter en sautant partout. Il a vu une fille boudeuse, migraineuse, qui se retenait de pleurer, qui s'est assise à son bureau, a voulu allumer son ordinateur pour mettre en page son cours, a vu son ordinateur griller (avec un petit nuage de fumée) sous ses mains, qui s'est encore retenu de pleurer, qui a rangé son linge, qui s'est pincé le doigt dans la porte de son placard, qui a fini par enfin fondre en larmes. 
Je me demandais ce que je faisais là. Je me demandais si j'allais me refaire à un rythme scolaire, encore plus sévère qu'au lycée (car à vrai dire, mon présentéisme au lycée c'était pas tout à fait ma plus grande qualité, je possédais l'art de sécher sans que ça se voit). Je me demandais si j'allais pouvoir organiser des sorties cette année sans connaître mon emploi du temps avant d'arriver à la semaine d'avant, sans être garantie qu'il ne bouge pas. Je me demandais comment j'allais gérer toutes les informations et exigences qu'on nous a étalé au cours de la journée: gérer l'association de l'école, préparer le gala des Ma5, se faire intégrer au WEI.
J'étais tout simplement déçue, et surchargée de toutes les informations que j'attendais depuis juin. Et à ce moment là, à part dormir, je ne pouvais rien faire pour me sentir mieux... 

Le lendemain, j'ai eu mon deuxième cours. 2h à parler d'allaitement avec une conseillère en lactation, à parler de maternage, de propagande anti-vaccin... 2h à parler des sujets qui me tiennent à coeur, à échanger avec la prof, à me sentir respectée... et à ma place. 

J'ai repensé aux matières que j'allais voir cette année, et j'ai retrouvé un peu le sourire: puériculture, étude des systèmes (digestif, locomoteur, neurosensoriel, cardiorespiratoire), sémiologie, santé publique, agents infectieux, obstétrique, santé société humanité, tissus sanguins, système immunitaire, néphrologie, et mes options
Après tout, tout était majoritairement intéressant, avec le prof pour nous apprendre à notre rythme, répondre à nos questions, sans sélection et avec de nombreux TP pour illustrer et se préparer aux stages... 

Le midi, d'ailleurs, il a fallu choisir les stages, au nombre de 3: soins infirmiers, suite de naissance, et salle de naissance. 
Il faut se partager les services, les dates et les lieux de stages: entre les filles qui préféraient choisir la ville, celles qui préféraient choisir la date et les autres qui préféraient choisir le service dans lequel elles allaient tomber, l'ambiance ressemblait à la dernière épreuve de Koh Lanta.

J'ai eu ce qui me plaisait,
- en octobre, je serai en service de gynécologie-obstétrique 
- en février, je serai en suites de naissance 
- en avril puis en juillet, je serai enfin en salle de naissance, et j'assisterai à mes premiers accouchements 

Il m'a fallu quelques semaines pour me rendre compte que ce que je voyais comme des inconvénients étaient simplement des privilèges pour ma formation. Dans le supérieur, il est quasiment impossible de pouvoir interagir avec ses professeurs, d'avoir autant de TP pour s'entraîner avant les stages. 
Ce que je voyais comme une surveillance, j'ai compris que c'était finalement un encadrement qui fera de nous des sages-femmes qui auront été plus que préparées et poussées par le haut. 

Bon, cependant, nous seront des sages-femmes avec des tenues fort peu seyantes, qui sont soit trop petites et qui craquent dès qu'on se penche, ou soit trop grandes à tel point qu'on a l'impression d'être un sac à patates géant !


Je savais même le premier soir où je paraissais inconsolable que je vaincrais cette déprime, et je savais que je finirai par vaincre la flemme d'écrire, par chance, le moral est revenu largement avant l'écriture, mais mon blog est enfin à jour !