On ne va pas se voiler la face ni les fesses: tout être humain normalement constitué, il pourra aimer son métier autant qu'il le veut, il fera tout le temps la gueule quand il entendra son réveil à 6h00 et qu'il devra aller au boulot dans le froid. Et tout stagiaire normalement constitué aura doublement du mal à se lever, car il ne saura pas avec qui il sera dans la journée, et il risque de passer sa journée en mode boulet où il devra redoubler d'efforts pour montrer qu'il est capable.
Les 2 dernières semaines de mon stage ont été un peu plus délicates.
J'avais commencé à être laissée en autonomie, comme une grande, à me sentir vraiment à l'aise, et à presque oublier le fait que se lever à 6h00 est vachement désagréable.
Mais mon planning a fait que pour les dernières gardes, je changeais tous les jours d'infirmière référente, et que mes journées étaient toutes les mêmes:
- trouver une référente
- lui montrer que j'existe
- m'adapter à sa façon de travailler ne pas être un boulet qui se retrouve tout le temps dans ses jambes, mais à chaque fois je me place tout le temps au mauvais endroit
- passer la journée à essayer qu'elle me fasse confiance pour me faire faire des gestes infirmiers
- finalement être larguée plus ou moins subtilement et envoyée faire des toilettes
- rentrer le soir avec rien de validé
- avoir les boules et m'enfiler un paquet de chips en rentrant, pendant que le mâle me dit "mais non ma chérie tu n'es pas nulle !"
Attention, je ne crache pas du tout sur les actes de nursing. Parce que non, ce n'est pas réservé aux aides soignantes; toute ma vie quand j'aurai l'occasion d'aider mes collègues à faire des lits, des toilettes, je le ferai parce que dans un hôpital on a tous besoin les uns des autres.
Mais ce stage là était un stage de soins infirmiers: autant je ne rechignais jamais à faire du nursing quand à côté on m'apprenait d'autres actes: injections, prises de sang... de quoi progresser et me perfectionner pour les actes qui servent de référence à l'évaluation clinique.
Quand je voyais la fin de mon stage approcher, et que j'entendais mes collègues fièrement progresser et faire plein d'actes, j'ai eu une grosse montée de stress, et une grosse perte de confiance en moi.
La veille de mon dernier jour, je n'ai presque pas dormi, j'appréhendais de voir injustement pleins de catégories de mon stage non validées alors que je n'avais pas eu la chance de tomber tous les jours avec la même infirmière et d'être complètement à l'aise.
Mais miraculeusement (enfin, dans la suite logique des choses d'après le mâle qui a eu la patience de me rassurer tous les jours sans exception), elles m'ont validé mon stage en me disant que j'avais acquis quelque chose de bien plus essentiel que de savoir faire parfaitement une prise de sang: le relationnel avec l'équipe/avec ceux que je soigne et le respect des patients.
"Très bon stage s'est bien investie tout au long de celui-ci
A de très bonnes qualités relationnelles et humaines.
Très bon esprit d'équipe"
Je retourne en stage en février, en suites de naissance, de quoi pouponner en perspective. Mes collègues m'ont assurée que là bas, j'aurai à nouveau l'occasion de pratiquer des gestes infirmiers, et de, telle une bouchère, faire des prises de sang si ça me tient tant à coeur !