Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

lundi 4 avril 2016

Février en suites de couches

Je n'ai pas écrit sur ce blog depuis une petite éternité (ça va, quand c'est petit c'est mignooon). On va dire que le quotidien d'une étudiante sage-femme est en général très bien rempli, que le quotidien d'une étudiante sage-femme qui bosse dans une prépa l'est encore plus, et que quand on vient mêler une grossesse à tout ça, c'est un quotidien rocambolesque !

Au mois de février, je suis partie en stage en suites de couches, enfin qui a été renommé "suites de naissance", pourtant, il y en a de la couche, et pas que de la couche propre !
C'est le service où les mamans et leurs bébés restent pendant quelques jours après leur accouchement, où elles prennent leurs marques avec leur petit (et comprennent leurs marques d'accouchement), et où les sages-femmes et les auxiliaires de puériculture sont là pour assurer soins à la maman et au bébé.
Ce stage là se déroulait tout le long du mois de février, en 12 gardes (7h-19h), 8 avec les sages-femmes et 4 avec les auxiliaires de puériculture.

J'ai commencé ma première garde le mardi 2 février, et j'allais être avec les AP. Avant de commencer un stage, je passe toujours une nuit pourrie, à me réveiller toutes les heures et vérifier que je n'ai pas loupé mon réveil (et quand celui-ci sonne à 6h, je regrette amèrement de ne pas avoir été capable de dormir comme une bûche).
J'avais tout préparé: mes crocs de gitane que j'avais lavées par amour pour mes collègues pour pas empester le vestiaire, mon plat dégueu prêt à réchauffer pour la pause de midi (j'ai choisi tous les trucs les plus écœurants de manière à faire pousser des cris de dégoût à Gnégnile à chaque pause repas: Brandade de morue, choucroute, tartiflette...), mes feuilles de gardes à faire signer, mon équipement badge-stylo-ciseaux-carnet, et j'avais même pris en bonus mon stress et ma mauvaise humeur.
Par contre, impossible de remettre la main sur mes lunettes, je reste donc persuadée qu'au même titre que les clés, ce sont des inventions de satan qui disparaissent à la dernière minute, quand on vraiment besoin d'elles. Je tâtonnais dans tout l'appartement, à moitié en retard déjà, j'ai même allumé grand la lumière de la chambre et je me suis demandée comment le mâle arrivait à encore dormir, ce monstre, pendant que moi j'allais devoir piétiner toute la journée à l'hôpital. J'ai renoncé et ait du mettre mes lentilles, pour ne pas être Renée la Taupe en stage, j'allais devoir ressembler à la junkie du coin (je ne supporte plus mes lentilles, à peine je les enfile que mes yeux s'injectent de sang tel un lapin atteint de la mixomatose)

J'ai rejoint les filles à 6h45 dans le vestiaire, elles étaient contentes puisque c'était leur deuxième jour, et étaient toutes en mode "MEUUUUH T'INQUIÈTES PAS CA VA BIEN SE PASSER", alors que je grognais qu'aucune AP allait vouloir de moi et que j'avais peur et que je me cacherais dans un placard à couches sales, parce que les culs de bébé sale, c'est pas ce qui manque dans le service.

Et finalement, ça s'est fait tout seul. Pendant mes 4 gardes avec les AP, j'ai découvert plein de choses
- On oublie à chaque fois à quel point un bébé est petit
- On sous estime la taille des vomis de bébé qui tachent la blouse devant l'œil hilare de Gnégnile qui te regarde attendrie donner un biberon
- On sous estime le pouvoir collant des premières selles d'un nouveau-né, c'est un vrai gisement de pétrole
- Le mythe du bébé qui fait pipi quand on change la couche n'est pas un mythe
- C'est petit et fragile, mais quand on tient un bébé dans les mains, au final, on ne se lasse pas de la sensation

Le rôle de l'AP au CHU est par exemple de donner les premiers bains à J1 de vie, et d'enseigner aux parents comment faire, y compris les soins de yeux-nez-oreilles-cordons. Dit comme ça, ça paraît simple mais quand se retrouve devant un humain miniature qui hurle dès qu'il a les fesses à l'air, les parents (et moi-même au début) on est vite tétanisés ! De plus, il faut un doctorat en bodies pour savoir refermer ces trucs là, celui qui a inventé ça n'était pas confronté à un truc de 50cm qui hurle à plein poumons !
Mais il y a des tas d'autres aspects: consoler les mères en plein baby-blues, aider les mères et les pères à créer le lien avec leur bébé, leur donner confiance en eux, voire garder les bébés la nuit quand la mère est à bout de forces: un matin d'ailleurs, on a débarqué dans le poste de soin avec 2 autres filles de ma promo (dont une qui n'était pas franchement rassurée par les nouveaux-nés), et elle a vite était mise dans l'ambiance, une petite fille d'un jour à peine dormait paisiblement dans son berceau au milieu de là où on faisait nos transmissions. Je pense que sa peur des bébés a vite fait place à un regard ébahi, pour ne pas dire niais, face à cette petite chose toute fraîche.

J'ai fait 2 jours à l'unité kangourou: c'est la "nursery" où sont placés les bébés un peu trop petits pour être en chambre avec leur mère et un peu trop grands pour aller dans l'hôpital d'enfants avec les autres prémas. Il y a aussi des bébés nés de césarienne ou des bébés agités que l'on garde la nuit pour permettre aux mères de se reposer, des bébés qui ont besoin d'avoir leurs constantes surveillées en permanences (pouls, température...), et plein de petits au cas par cas.

J'ai eu à m'occuper d'un minuscule petit chat, de 43cm pour un peu moins de 2 kilos: j'ai vraiment eu la sensation d'avoir une poupée dans les mains, j'étais fascinée par les finitions, par le moindre pli sur les doigts ou les orteils, qui sont banaux chez un adulte mais tellement mignons chez un petit humain miniature ! Je devenais aussi gaga que Gnégnile, jusqu'à ce que du haut de ses 43cm il me fasse comprendre qu'il était puissant et me baptise d'un jet de vomi. Les enfants, ces ingrats.

Ensuite, les 8 autres gardes de ce stage étaient avec les sages-femmes. J'entendais et apercevais des bribes de ce que l'on faisait en stage avec elles en voyant courir mes copines de promo, en les entendant parler de "guthries" (piquer les pieds des bébés comme les sadiques nous sommes), de "prises de sang" (quand je vous dis que nous sommes des sadiques), et autres "examens cliniques".
Je maîtrisais à peine le pouponnage et les bains tout mignons des nouveaux-nés qu'il fallait que j'apprenne les examens cliniques. C'est une grosse pression, car il ne faut passer à côté de rien: quand une femme vient d'accoucher, elle est épuisée (même si certaines ont l'air aussi fraîches qu'après un soin au SPA), mais elle est à risque de certaines pathologies, qui peuvent être dangereuses (hémorragies de la délivrance, infections du post partum).

J'appréhendais beaucoup ma première garde avec les sages-femmes, avec encore et toujours cette peur d'être un boulet dans les pattes des professionnels de santé ! Le premier matin avec elles, j'ai d'ailleurs assuré en matière de boulet: je suis tombée dans les pommes pendant les transmissions, alors qu'il n'y avait rien de particulièrement stressant !

J'ai assez vite trouvé mes marques à mon niveau dans ce service. Il y a des tas de choses à faire et à dire: il faut organiser le retour à la maison, parler de contraception, et parler tout court. J'ai adoré échanger avec les patientes, leur donner des conseils, et prendre peu à peu en autonomie, avec juste la sage-femme pour surveiller que je ne disais pas de bêtise !
J'ai appris à participer aux examens cliniques. Je veux bien vous expliquer ce que c'est, de ce que j'en ai appris, mais pour ceux qui sont un peu sensible, sachez que c'est tout sauf glamour, et que ça ne donne pas du tout envie d'accoucher ! Les examens cliniques consistent à vérifier l'état général de la patiente (ses constantes, sa pâleur, car mine de rien, accoucher c'est un vrai marathon et il peut arriver que l'on perde beaucoup de sang), la poitrine (car une montée de lait, ça arrive du jour au lendemain, on peut passer en quelques heures du stade de limande à celui de Nabilla botoxée), le ventre (en post partum on garde une petite brioche déprimante, car l'utérus est encore tout gros, et il faut le palper pour s'assurer qu'il est bien tonique), le périnée (s'assurer que les saignements sont normaux, et que les oedèmes et autres réjouissances telles que les sutures et hémorroïdes se remettent), les jambes (les phlébites sont très courantes en post partum).

Ce stage a aussi été l'occasion de me perfectionner en matières de soins infirmiers: pansements de césarienne par exemple, mais surtout: prises de sang ! Telle Dracula, j'ai ponctionné des dizaines de tubes au cours de mes gardes, et je n'ai bizarrement fait de bleu à personne (alors qu'en m'étant entraînée sur ma meilleure amie - consentante je vous rassure - je lui ai laissé un bleu pendant plus d'une semaine).

J'essayais d'être la plus douce et la plus rassurante possible avec ces mamans qui ont toute leur histoire, toute eu un vécu différent de l'accouchement et de l'accueil de leur petit. Cela semble avoir porté ses fruits, car je suis partie de ma dernière garde avec une super évaluation et un grand sourire:

Côté grossesse, j'avais fait le choix de ne pas en parler, à part à la cadre, au cas-où j'ai un petit soucis qui nécessite un détour aux urgences (soit l'étage en dessous !). Je ne jugeais pas nécessaire que l'équipe d'AP et de SF qui m'encadre soit au courant et me voit différemment par rapport à mes collègues de promo, dans le sens où mon ventre (qui a certes gonflé au cours du stage car je suis rentré dans le 5ème mois !) se camouflait plus ou moins sous ma blouse, du moins donnait le bénéfice du doute aux autres "Elle est grosse ou enceinte ?"

6 commentaires:

  1. C'est drôlement sympa de voir la maternité et suite de couche vu par le milieu pro 😀 merci pour ce bel article je me suis régalé 13 mois après la naissance de ma fille je peut pas passé devant la maternité sans lâcher ma larmichette 😢😂

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  2. C'est drôlement sympa de voir la maternité et suite de couche vu par le milieu pro 😀 merci pour ce bel article je me suis régalé 13 mois après la naissance de ma fille je peut pas passé devant la maternité sans lâcher ma larmichette 😢😂

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