Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

mardi 5 décembre 2017

La deuxième L3

C'était prévu depuis plus d'un an, quand en allant passer mon rattrapage de L2 en août 2016, alors que ma puce avait 3 semaines et que je sentais que j'allais exploser mammairement parlant (ô joie de l'allaitement), j'ai fait un petit détour par le bureau de la directrice de l'école et des formatrices. Après un petit débriefing sur mon accouchement, dans toute ma plénitude de jeune maman surexcitée par son manque total de sommeil, on a parlé de l'après, de la suite de ma formation.

Quand j'étais enceinte au cours de ma L2, j'ai eu ce besoin de tout organiser telle une wonderwoman, (ou dans mon vocabulaire à moi: une nazie de l'organisation) j'avais un embryon de quelques centimètres dans le ventre dont la liste de naissance était déjà préparée et la place en crèche déja demandée. Dans toute ma naïveté de nullipare, je ne connaissais pas la sacro-sainte phrase "On ne maîtrise rien dans la maternité".
Et j'avais du mal à accepter le fait de ne rien maîtriser, je savais seulement que j'allais accoucher en juillet, et je ne connaissais pas les ressources énergétiques (enfin, le manque de ressources) que j'allais avoir pour enchaîner sur la L3.

J'ai fini l'année de L2 par des partiels, et mon congé maternité commençait à 37 semaines bien tassées. Tout était prêt pour acceuillir ma progéniture, le seul flou dans l'histoire c'était comment j'allais m'organiser pour la L3 en sachant que j'allais avoir un stage de retard. Avec le recul, je rigole en m'imaginant avoir tout de même fait mon stage en salles de naissances alors que je pouvais accoucher d'une minute à l'autre.

Une petite illustration de moi en juillet 2016 (oui, je suis au milieu)


Il a donc été décidé que mon année de L3 serait scindée en 2:
- 2016-2017 j'allais passer les partiels en compagnie de ma chère et tendre promo et rattraper mon stage de L2
- 2017-2018 j'allais faire les stages de L3, et passer les épreuves cliniques

La première année de vie de ma fille - et donc ma première année de L3 - reste floue dans mon esprit. Je sais juste que j'ai validé les partiels, et je ne sais par quel miracle, sur fond de fatigue-gastro entérite-dépression post partum-soirées avec un bébé qui hurlait dans les bras et ne dormait pas la nuit-amoureux qui passait les ECN. En gros: c'était la JOIE. J'étais un contraceptif humain et je disais NE FAITES JAMAIS D'ENFANT PENDANT LES ETUDES. Clairement, je faisais pas partie de la catégorie des mamans super épanouies qui disent que c'est QUE DU BONHEUR.

Voilà une petite Audrey au cours de l'année scolaire 2016-2017


Et puis dans vos cours de peusycologie que vous avez à l'école de sages-femmes ou ailleurs, vous apprenez qu'autour des 1 an du bébé la préoccupation maternelle primaire (le fait que tes pensées ne tournent qu'autour de ta progéniture) se met en veille, pour ne se rallumer que quand l'intégrité de cette même progéniture est menacée (en gros, quand ton enfant est en train de gerbouler partout avec 39° de fièvre, que tu sais que ça va passer, mais que t'es en panique prête à aller encombrer les urgences pour rien).

Je l'ai clairement senti ce cap. J'ai senti ce besoin de m'investir dans ma passion de toujours, j'ai senti le retour de la flamme pour le métier de sage-femme, même si elle ne s'était jamais vraiment éteinte. Je me suis peu à peu décentrée de mes intérets de maman pour retrouver une part des mes combats, la défense du droit des femmes, la reconnaissance du métier de sage-femme.

J'étais avide de lecture, peu avant la rentrée j'ai dégommé le rayon "Psychologie de la parentalité", comme pour poser des mots sur cet état par lequel j'étais passée l'an passée, et pour prendre conscience que non, je n'étais pas schizophrène, que oui, devenir mère ça nous rend proche de la folie tellement c'est ambivalent parfois.

Et plusieurs de mes copines (coucou Géraldine) (coucou Camille) (oui, je suis bizarre comme fille mais en vrai j'ai des copines) m'ont conseillée ce livre de Martin Winckler.
Elles ont tapé dans le mille.

Ce livre, c'est le carrefour de toutes mes convictions. Le respect de la patiente, la vie du soignant, la femme dans toute sa splendeur.

Je ne pensais pas avoir une pratique qui ne respectait pas la pudeur de mes patientes, mais il m'a enseigné que je pouvais mieux faire, et comment écouter les patientes.
Je le conseille à tous les soignants !


La rentrée est passée, je faisais plus ou moins acte de présence en cours dans le sens
où je les ai déjà validé,
où j'avais pas fait le deuil de mon ancienne promo,
où je connaissais pas grand monde dans la nouvelle (et que merde, je suis vieille moi la mamie de 1995),
où je préférais piquer les cours de 4ème année à mes copines pour m'avancer (parce que l'année prochaine, il faudra faire et les cours et les stages à la suite sur fond de journées de cours complètes sans pause, en sachant qu'à 17h je récupère un gremlins qui me laisse moyennement travailler, autant prendre de l'avance). Avez-vous déjà tenté de réviser de la gynécologie avec un être humain de 80cm sur vos genoux qui mange un par un vos stabilos et vous pète dessus ?


Petit résumé de ma présence en cours en cette deuxième L3
En vrai, je viens aux TD


Pis y'a eu le WEI, week-end d'intégration pour les novices-bizuths. Y'a pas que les L2 qu'on a intégré, au final c'est moi qui ai appris à connaître ma nouvelle promo. Bon, je suis pas asociale, mais faire des kilomètres sous la pluie à faire faire des gages débiles et à tripoter du poisson pourri (oui oui, un jour de WEI nous passons le CAP poissonnerie/boucherie), c'est source de rigolade et ça rapproche.

Et je pense à mes copines de 4ème année qui sont arrivées pimpantes le soir (oui, elles se tapent pas les jeux, elles viennent que pour manger nos quiches et boire nos pintes ces ingrates), et à Matilde qui a eu ce regard plein de nostalgie quand elle m'a vue intégrée (comprendre avec une Cassandre sauvage collée à mes basques).
Je vous jure, j'ai eu l'impression de voir le regard bienveillant d'une maman qui vient récupérer son enfant heureux un premier jour d'école !

Oh et quand j'y repense, j'me suis sentie fondre de gêne+/-fierté+/-rire aigu à cause du punch quand les L2 sont venus me demander si "c'était toi omelette0patates". Au passage, en vrai je ressemble plus à une patate qu'à une omelette. Mais j'étais trop contente quand elles m'ont dit que ça les avait motivé (après, je n'ai plus qu'à me cacher dans les couloirs les jours de partiels où elles seront au bout de leur vie et auront envie de me dire POURQUOI J'AI FAIT CES ETUDES???)

Donc me voilà, en tant qu'étudiante entre 8h30 et 17h30, au taquet pour se former, et fière de faire partie de la sage-femmerie. Plus que 3 ans. A ce rythme là, je vais être en retraite l'année d'après mon diplôme !