Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

mercredi 12 octobre 2016

L'attente

J'ai sincèrement cru que je n'allais jamais accoucher, et qu'elle avait décidé de rester jusqu'à sa vie adulte dans mon utérus, mettant "squatteuse utérine" comme historique dans son CV.

J'étais en congé maternité depuis début juin, mes copines étaient parties en stage, et quand j'ai franchi le cap des 37SA, celles qui étaient en stage en salles de naissance faisaient des paris tels des beaufs au PMU pour savoir qui aurait l'honneur de voir ma fille pousser son premier cri. Ça faisait que quelques jours que je commençais à vraiment profiter de ma grossesse car j'en avais fini avec l'école, donc je n'étais pas spécialement pressée qu'elle sorte, même si attacher mes sandales revenait à m'étouffer à cause de la pression de ce ballon qui me servait de bide !

Et puis les résultats des partiels sont tombés, et j'ai eu le pas de bol complet du: "oui on sait que tu es en explosion imminente mais prends ce petit rattrapage en néphrologie, oui pour 0.5 points manquants, oui c'est cadeau, tu vas kiffer réviser l'urine avec un nouveau né pendu au sein".

Dans ma tête, ça a changé la donne, ça a rajouté un sacré coup de pression, comment j'allais faire pour réviser avec un tout petit bout d'humain, surtout si elle naissait tard elle n'allait avoir que 3 semaines au moment de l'épreuve ?!

Alors après les 38SA, à force de voir une bonne partie des mamans de juillet pondre à ce stade, et sachant que les bébés récents de mon entourage étaient nés dans ces eaux là, l'idée que ma petite bête pouvait arriver d'une minute à l'autre s'est trop implantée dans ma tête. Tous les soirs je me couchais en me disant "c'est peut être pour cette nuit" et tous les matins je me disais "c'est peut être pour aujourd'hui" #teamespoirdésespérédunebaleinequiosaitseplaindredêtrefatiguée

Je me suis dit que j'allais aider la nature et je prenais tous les conseils bons à prendre. Déjà, je marchais 10km tous les jours, mais ça depuis bien longtemps parce que si je me bougeais pas je ressemblais à un vieux labrador arthrosé qui peut plus se traîner ! Ma meilleure amie était ma compagnon de balade, et acceptait de marcher à l'allure d'une tortue obèse, parce que mine de rien, 3kilos de bébé dans sa piscine privée, ça pesait ! Je ne remercierai jamais assez les gens qui ont lancé Pokémon Go à ce moment là, parce que j'avais pu traîner avec moi mon mâle, d'ailleurs 4 jours avant d'accoucher j'avais même marché 16km, mes tongs s'en souviennent encore (elles sont creusées jusqu'à la moelle les pauvres) En plus de cette marche tellement athlétique que j'aurais du m'inscrire aux JO histoire de ramener la médaille d'or avant d'accoucher, je faisais du ballon et ressemblait au mec de oui-oui:
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Je m'ennuyais sur ce ballon d'ailleurs, je sautais tournais et virais mais à 39SA j'avais toujours pas de bébé qui appuyait, enfin, qui appuyait au bon endroit, parce que les coups de pieds sur les cotes ça y allait !

Je me suis dit que j'allais tenter les tisanes de sauge et de framboisier, réputées pour assouplir le col et provoquer des contractions. J'en ai bu des litres et des litres, je mettais du miel pour tromper le goût, c'était plus des tisanes au miel mais du miel à la tisane, ça n'empêchait ces saloperies d'avoir un goût de potion de sorcière !!
#boiresatisanecommeunvraibonhomme

J'ai su que j'atteignais le stade ultime du désespoir quand j'ai voulu essayer l'homéopathie, alors que d'ordinaire, j'y crois pas du tout, j'insulte le pharmacien et ses ancêtres quand il me propose de l'homéopathie alors j'ai une crève carabinée ! Sans surprise, ça n'a rien fait, pas une contraction. 

S'en rajoutait la pression de l'entourage, et chaque jour les "T'es toujours là?" "Toujours pas sortie ?" "C'est long moi j'avais déjà accouché" "Va faire du sport ça va la faire sortir" par SMS ou en message sur instagram...

Alors maintenant j'ai le recul, je sais que je voulais absolument qu'elle sorte parce que j'étais stressée à l'idée de ne pas avoir le temps de profiter d'elle avant le prochain partiel qui allait arriver trop vite (petite naïve que j'étais, j'ignorais que le temps compte double quand on a un nouveau né parce qu'on est réveillés jour ET nuit #lesommeilcestpourlesfaibles)

Je le savais que c'est la nature qui décide. Je le savais que plus longtemps le bébé reste dans le ventre mieux c'est, et qu'il ne restait dans tous les cas que quelques jours. Je culpabilisais même d'être déprimée en me disant que je perdais mon temps à attendre qu'elle sorte, que j'allais pas en profiter, alors que certaines femmes en menace d'accouchement prématuré n'ont qu'un objectif celui d'aller à la SA suivante sans encombre.

MAIS SACHEZ MESSIEURS-DAMES QUE DIRE À UNE FEMME PRESQUE À TERME DONT LE BÉBÉ NE SORT PAS "C'EST PAS GRAVE ÇA VA VITE ARRIVER" APRÈS LUI AVOIR DIT "HIHIHIHI PAS PRESSÉ CE BÉBÉ" C'EST AUSSI ÉNERVANT QUE QUAND ON SE PREND LE RIQUIQUI DES ORTEILS (LE PETIT ORTEIL DU BOUT DE LA RANGÉE) DANS LE COIN D'UN MEUBLE.

Oui, une femme presque à terme devient névrosée, parfois, d'autant plus quand elle voit tout son entourage accoucher un peu avant, et que les gens ont l'impression que ça relève du miracle d'aller au bout du bout (alors que dans les chiffres on va souvent au bout du bout !)

 Avec le recul toujours, j'adorais quand même être enceinte à tel point que je me demande pourquoi je faisais autant la comédie pour qu'elle sorte ! Parce que je suis la connasse qui n'avait pris que 9 kilos, pas une vergeture, un bébé qu'on voit bouger, et pas de vrais maux, et surtout je pouvais pioncer tranquillement !
Je me marrais quand je passais devant le miroir, je me marrais quand je pouvais jouer avec elle a travers le ventre, je me marrais en faisant des photos et je me marre quand je vois les photos aujourd'hui !

Et puis j'ai passé les 40SA, j'étais à une semaine du rendez-vous du terme et je comptais venir avec un couteau pour menacer la sage-femme si elle n'acceptait pas de me déclencher (quand je vous dis qu'on est névrosés à la fin).

Mon terme était prévu pour le mardi 26 juillet. Le samedi 23 juillet, ça faisait un petit moment que j'avais pas senti ce petit humain bouger, elle qui d'habitude faisait danse avec les stars à l'intérieur. On est allés faire un petit tour aux urgences, et au final elle était juste très très calme cette enfant, mais elle allait bien, j'ai eu une prise de sang qui déterminera beaucoup de choses quelques jours plus tard... PINPINPIN... SUSPENS.

 Le soir, en sortant des urgences, je suis allée marcher. Et j'ai touché la symbole de ma ville, petite tradition qui est censé réaliser les voeux. Pas dur à deviner que je ne voulais qu'une chose: faites moi sortir la surprise que j'ai dans le Kinder !!


Suite au prochain épisode (Je veux pas vous spolier, mais je crois que c'est mon accouchement)

vendredi 15 juillet 2016

La vie triomphera toujours

J'ai porté la vie dans une période où la France a beaucoup subi la mort. D'abord, au tout début, quand je venais d'apprendre qu'un petit embryon prenait place en moi, les attentats du 13 novembre. Et puis, à la toute fin, l'attentat à Nice. J'avais eu besoin d'écrire à cette occasion, et écrire ce texte en sentant ma fille bouger était une situation plus que particulière...

"On s'est couchés le coeur lourd hier avec ton papa, et on a compris pourquoi tu n'as pas eu envie de pointer le bout de ton nez ce 14 juillet 2016. En rentrant du feu d'artifice la mauvaise nouvelle est tombée, des dizaines de gens, qui ont un jour été des touts petits dans le ventre de leur maman comme toi ont perdu la vie alors qu'ils se réunissaient juste comme nous pour voir les couleurs dans le ciel. Ça aurait pu être nous, avec nos amis, avec toi prête à naître. On a eu de la chance que ça ne tombe pas sur notre ville, que ça ne tombe pas sur nous, on a eu de la chance que tu arrives dans nos vies, de la chance que tu sois en bonne santé, on est bénis de te sentir bouger chaque jour dans mon ventre, mais il y a un goût amer de culpabilité. Nous te mettons au monde dans un climat de peur, dans un climat de haine où les clans se creusent, où des gens meurent pour des idéologies infondées, où des gens souffrent d'amalgames, où des gens sacrifient la vie pour des textes qu'ils n'ont pas été foutus de lire correctement. Tu naîtras si petite et si grande à la fois, grande dans la perfection de tous les détails de ton corps que mon ventre aura façonné, et grande dans ta pureté. Ma fille nous ne laisserons rien ni personne te laisser devenir quelqu'un qui n'aimera pas la vie, qui ne respectera pas les autres humains ni les autres cultures. Tu seras un petit d'Homme de plus dans ce monde, mais tu seras également une dose de vie en plus, une dose de douceur et d'amour, et tu te battras encore et toujours pour que le bien l'emporte, parce que l'humanité on la trouvera dans tes yeux de nouveau-né. 💕"


dimanche 12 juin 2016

Conclusion de la Ma2

Le congé maternité, ce privilège, cette chance, ces "6 semaines avant - 10 semaines après" que j'ai tant attendues ! L'occasion pour moi de profiter de ces dernières semaines de grossesse et des premiers instants avec ma fille avant de retourner dans ma peau d'étudiante sage-femme à la rentrée. Il est temps par contre de faire un bilan de ce côté étudiante avant de me remettre à mon rôle de future môman pleine d'hormones qui a le sourire jusqu'aux oreilles à l'idée que sa fille naisse dans les 5 prochaines semaines !

Je suis donc arrivée à la fin de ma première année d'école de sages-femmes. Une première année qui ne s'est pas déroulée comme je pouvais la rêver lors de ma PACES, entre 2 instants de désespoir sur mes QCM de biochimie.

Je m'attendais à une plénitude, une fierté lors de mon essayage de blouses, à des cours à grands renforts de maquettes de bassins féminins, une ambiance baby-boom qui entraîne un plaisir infini d'aller en stage et à aller en cours en chantant des chansons Disney.
Je me suis retrouvée avec quand même cette plénitude, une blouse qui moule tellement les cuisses que tu peux pas te pencher tellement t'as peur qu'elle craque et que tout l'hôpital voit ta culotte, à des cours communs aux étudiants en médecine où on te fait un catalogue sur les maladies hématologiques, parfois la boule au ventre (si ce n'est un gros chagrin) avant d'aller en stage et comme tous les êtres humains sur cette planète j'allais en cours finalement en traînant des pieds.

J'exagère le tableau. Bien sûr que j'ai aimé cette année, bien sûr que j'ai adoré rentrer à l'école de sages-femmes. J'ai vécu des moments d'excitation avant de vivre les moments que j'attendais en P1 (l'essayage de blouse, marcher dans la maternité...), des moments de grâce (quand j'ai pu etre subjuguée par la perfection des petits nouveaux nés, même s'ils sont laids comme des poux la nature est tellement bien faite qu'on ne s'en rend pas compte et qu'on s'extasie quand même), des moments de doutes, mais surtout des moments où je me suis sentie à ma place, des moments où je me suis vue boire chaque parole de mes professeures en hochant la tête tellement j'étais heureuse d'entendre à l'oral mes convictions.

Dans les articles précédents, je raconte mon année scolaire entre septembre et début avril (cours, et stages).
Je savais que cette fin d'année allait passer super vite, d'autant plus qu'il n'y allait avoir qu'un mois et demi entre la fin des vacances d'avril et les partiels du 8 juin.

D'ailleurs, en 1 mois et demi de cours on a eu l'occasion de voir des trucs super chouettes.

On a pu approfondir une de nos matières "coeur de métier" (en gros une matière que si tu la rates tu es dans le caca jusqu'au cou), c'est à dire l'obstétrique.
À vrai dire, on a été larguées en salles de naissance avec un polycopié qui expliquait vite fait le trajet que je n'imaginais pas si compliqué des petits humains dans le bassin de leur mère et un cours sur la délivrance où l'on imagine le placenta comme un gros steak capable de te tuer d'une hémorragie foudroyante. Donc je n'étais pas contre en savoir plus sur tout ce qui concerne l'univers dans lequel je vais passer ma vie: le bassin et l'utérus gravide.

On a eu un cours complet sur les modifications physiologiques et petits maux de la grossesse. J'ai eu l'impression de dégouter ma promo et de ne plus etre vue comme la princesse ô glamour que je suis mais comme un espèce de femme des cavernes


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Je cite, "quand on est enceintes, on transpire plus, on a plus d'acné, plus de poils, on est constipés, on a mal au bassin donc on a une démarche modifiée"
Bon j'exagère un peu, tout était dit avec un vocabulaire un peu plus recherché. Et finalement, plus je regarde la photo, plus je vois une ressemblance avec moi...

On a commencé notre AFGSU, enfin je ne maitrise plus trop l'acronyme, mais c'est une histoire de diplôme de secourisme pour les professionnels de santé (badass hein ?).
Je trouve ça super intéressant, parce que c'est cool d'avoir la possibilité de se la jouer superwoman dans la rue quand on est face à un malaise (rêvez pas, les accouchements inopinés sur fond de tornade c'est que dans grey's anatomy) ou de se la jouer superwoman quand ses idiots d'amis s'étouffent avec des cacahuètes. Ces gestes qui sauvent devraient etre enseignés plus et au plus grand public, en plus les gens qui nous font les formations sont vachements sympas et font des blagues grivoises, autant vous dire que je me sentais à ma place.
Pendant ces 2 jours de formation, on a pu voir la conduite à tenir face à une scène d'accident, comment appeler les secours, l’arrêt cardiaque, les malaises...

Aussi, on avait des petites étiquettes avec notre nom sur nos t-shirt, comme les gens aux alcooliques anonymes. Les gens portaient donc un regard douteux sur mes copines de promo et moi quand nous sortions de formation. D'autant plus que Matilde a décrété qu'elle baptiserait ma fille à travers le ventre.

Plus tard, on a eu une intervention des laboratoires Weleda, vous savez les produits bios qui passent à la pub et tout et tout. Moi qui ne me lave qu'en roulant dans la boue, je ne suis pas très concernée.
On a parlé massage de périnée, oui, cette chose glamour qu'on a la possibilité de faire pour faciliter l'accouchement (et le passage du boulet de canon entre les douces et frêles cuisses des femmes). En vrai, c'est une pratique dont une sage-femme qui est très renseignée sur le sujet nous a parlé.
En massant cette zone qui va être mobilisée, pour ne pas dire traumatisée, par le passage de l'enfant à la naissance, la femme peut se préparer psychologiquement à pousser (en s'habituant aux stimulis dans cette zone) et préparer son corps qui va subir une grosse modification de volume. Si ça vous intéresse, voici quelques astuces, mais je pense qu'en parler aux femmes autour de nous ça peut limiter la casse, surtout dans ce monde où on ne s'imagine pas accoucher autrement que les 4 fers en l'air: cliquez sur ce lien (ce n'est point un virus mais le référentiel de massage)

Et à la fin de la journée, au vu de mon gros bidon et de leur perspicacité (ils ont bien compris que c'était un petit humain dans mon ventre et non un cubit de rosé), les laboratoires nous ont laissé à disposition beaucoup de produits, et surtout des produits en lien avec la maternité. Du coup, les copines de promo m'ont laissé prendre les huiles d'allaitement et de massage de périnée, parce que dans le lot de 26, il n'y a que moi qui allait être la plus susceptible de devoir se tâter le fondement dans les semaines à venir. J'étais toute guillerette de la réserve que ça me faisait pour ma bibiche ! (quand je dis bibiche, je parle de ma fille hein, pas de la zone de mon corps à laquelle l'huile de massage périnée est destinée)

Les filles de ma promo ont été des amours, comme elles le sont depuis le début de l'année et surtout depuis que je suis enceinte. Genre elles poussent les tables pour pas que je sois prise dans le coin du mur, mais j'aurais fièrement tenu jusqu'à 36SA dans la salle de classe

Après, il a fallu enchaîner sur 10 jours de révisions puis les partiels du second semestre. Le décompte avant mon congé mat était lancé, c'était temps que je m'y mette une dernière fois avant de pouvoir préparer le petit nid (si ce n'est pas dire le petit château) de mon bébé.

L'avantage de cette école, c'est qu'on est en vacances après tout le monde (et encore, moi je ne me coltine pas le stage d'été, parce qu'accoucher c'est déjà pédagogiquement avancé pour une étudiante sage-femme). Donc on a les BU pour nous toutes seules, ou presque, mais on peut se pointer à n'importe quelle heure de la journée on est quasi sûres de trouver une copine de promo. Le pire étant quand on est 6-7 étudiantes sages-femmes dans un rayon de quelques mètres: on va parler de périnée et autres choses ragoûtantes sans gène, comme on a pas d'étiquette avec notre filière d'études sur le front les gens de la BU ont du nous prendre pour des obsédés de la fesse !

L'inconvénient du gros ventre c'est qu'on te regarde comme un animal de foire à la BU que tu es éloignée de la table pour travailler

Le 8 juin c'était le jour des partiels, et les filles ont puisé toute l'inspiration fœtale que j'avais in utero, qui sait, peut-être que tout ce que j'ai appris ces dernières semaines est allé se stocker un peu dans son cerveau ? Toujours est-il que c'était l'animation du jour parce qu'elle a eu le hoquet et des pulsions de maître kung-fu toute la journée, les filles de ma promo ont enfin eu l'occasion de la sentir bouger pour la première fois !

On passera les épreuves et les 30 minutes de pause entre chaque où la discussion favorite était le pronostic de "est-ce qu'on va aller aux rattrapages ou pas ?", et on va direct se remémorer le soir, où on a décidé de se faire un fat restaurant de fin d'année avec la promo (quelques copines n'ont pas pu venir à cause des rattrapages ou des grèves, mais on a pensé à elles !).

On a opté pour la pizzeria, où ça dégoulinait de gras, à part pour une copine qui a du prendre une salade car elle faisait un don de plasma le lendemain et qu'elle ne voulait pas que sa poche de sang ressemble à un bloc de beurre (elle aurait dû manger gras pour nous venger du prof d'hémato qui nous a mis un sujet pourri sur les transfusions sanguines soit dit en passant).

On s'est dit au-revoir avec la promo, certaines ne me reverront qu'après la naissance de ma fille, donc elles ont touché une dernière fois mon ventre, et d'autres auront peut être la chance d’être de garde le jour de mon accouchement et de voir ses premiers instants sur terre !


Je quitte ma casquette d'élève sage-femme, je fais une pause de quelques semaines dans cet univers d'apprenties du plus beau métier du monde pour rentrer dans l'autre plus beau métier du monde: celui de maman.

J'ai du mal à me reconnaître tellement au fur et à mesure de cette année j'ai senti des changements dans ma tête (et sur la balance, d'ailleurs je vois plus mes pieds donc je ne suis plus loin de ne plus voir les chiffres). Je ne sais pas comment j'aurai vécu cette année si je n'étais pas en train de devenir mère, je pense que j'aurai été aussi indignée par les salles de naissances, mais que je n'aurai pas eu autant conscience de ce qui se passe dans le corps de mes patientes, de ce qu'elles peuvent ressentir. On vit toutes des grossesses, des accouchements, et des maternités différentes, c'est ce discours qui d'ailleurs ne fera pas de moi une sage-femme aigrie qui dit que sa patiente est douillette sous prétexte qu'elle a eu une grossesse sans soucis, mais il y a des similitudes dans les vécus du devenir mère, et c'est ce qui fait que je me retrouve en parallèle dans le clan des jeunes mères et des futures sages-femmes. Je suis donc convaincue que cela va changer mes études, les rendant plus difficile en matière d'organisation, mais plus faciles en matière de représentation, pouvant comprendre les envies d'artichaut irrépréssibles à 3h du matin ou la sensation de marcher avec une boule de bowling dans le petit bassin !

Je ne perds pas ma vocation, je ne perds pas ma motivation. Il y a juste eu des moments plus difficiles cette année, où avec ce bébé dans mon ventre j'étais plus fragile physiquement et psychologiquement. Des moments où je me suis demandée comment j'allais faire pour offrir une vie stable à ma fille alors que ni moi ni son papa n'étions capables de dire quand et où nous allions être en stage. J'ai même envisagé de pauser mes études. Et avec le soutien de mes professeurs, de ma promo, et cette perspective de pouvoir tout faire en un an et d'avoir un schéma clair de l'année et des stages qui m'attendent l'année prochaine, je suis reboostée, à bloc.

On me dit souvent sur Instagram que je suis très courageuse, on se demande comment je fais pour arriver à jumeler ma grossesse et mes études. À vrai dire, je ne sais même pas comment j'ai fait. J'ai pas compté les moments où j'étais dans les bras de mon chéri à me demander comment on allait assumer tout ça, cet ouragan, si petit et grand, si flippant et beau à la fois....
J'ai bien conscience qu'aller en cours avec une grosse bedaine c'est un niveau bien moins difficile que d'aller en stage en garde de 12h après avoir passé la nuit à consoler un bébé de 7 mois qui fait ses dents. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve en détail, mais je sais ce qu'il me réserve en gros: des moments horriblement difficiles où je me demanderai comment je ferai pour aller en garde le lendemain, mais surtout, des moments magnifiques avec ma fille qui me portera haut, toujours plus haut, et qui me fera sauter de joie quand je me dirai "J'y suis arrivée, malgré ma grossesse, malgré une petite fille, j'ai eu ce diplôme".

Comme je me suis dit dès le début de ma grossesse, je ne suis pas la première ni la dernière qui tombe enceinte pendant ses études. Bon, je suis pas sure qu'on l'apprenne toutes à la médecine préventive au moment où on s'y attend le moins, avec une jeune infirmière qui regarde le test en louchant et vous dit qu'il y a 2 barres, mais je pense que c'est pour toutes plus ou moins le plus gros changement d'une vie.
Mais plus le temps est passé pendant ma grossesse plus j'ai rencontré de jeunes femmes dans mon cas, qu'elles soient en économie, psychologie, ou même étudiantes sages-femmes ! Je me suis aperçue qu'il y avait quelque chose d'intense qui nous portait, c'était l'amour, l'amour intense et irrévocable qu'on porte à nos enfants (et qu'eux nous portent). Je me suis aperçue qu'on passait toutes par des moments de désespoir, et qu'il fallait continuer, qu'on serait plus jamais des étudiantes comme les autres qui vont tous les jeudis en soirée dans la rue de la soif de leur ville, qu'on aura toujours une idée derrière la tête concernant les horaires de la crèche ou le rendez-vous chez le pédiatre quand on nous demandera ce qu'on fait la semaine d'après. Mais je me suis aperçue qu'on pouvait être grave, grave fières de nous.

Je suis admirative de toutes ces histoires, de toutes ces mamans, de toutes ces étudiantes qui ont fait un pied de nez au cliché qu'on peut donner aux mamans qui ont l'incroyable idée d'avoir leur enfant avant leur diplôme, un pied de nez à tous ceux qui peuvent nous regarder de travers et dire "elle n'y arrivera pas".
Oh si qu'on y arrivera, parce qu'on est des femmes, avec des ressources incroyables, parce qu'on est mères mais pas que, parce qu'on a un double objectif, réussir notre vie pour réussir celle de nos enfants.



Et j'ai la chance d’être entourée, d'avoir un enfant de celui que j'aime de tout mon coeur, de celui qui me soutient depuis le début malgré ses études difficiles à lui aussi, de celui avec qui j'ai l'intention de gravir des montagnes pour porter notre fille au plus haut

mardi 12 avril 2016

Finir mon stage en salles de naissance sur une note un peu plus gaie

Le dernier article que j'ai publié ici "Le coup de blues des premières salles" a été un texte rédigé en plein dans mon stage, alors qu'il ne me restait que 2 gardes à faire, et que la fin du stage me semblait au bout du monde. J'en étais arrivée à douter de ma motivation, à douter de ma vocation, que je pensais pourtant inébranlable !

Il m'aura fallu comme un signe, un moment indescriptible et hors du temps pour me faire ressentir l'étincelle de ma passion pour le métier qui devait être plus forte au fond de moi que toutes les angoisses liées aux études et/où aux premières expériences décevantes en stage.

Je m'étais levée avec toute la misère du monde sur les épaules, en me faisant la réflexion de la non-motivation qu'ont toutes les personnes qui se lèvent avant 6h "Dans un peu plus de 12h, tu rentres chez toi". Bien sûr, j'avais fait en sorte de ne rien laisser transparaître de ma déprime car étant sous les protocoles de cet hôpital, les professionnels n'y pouvaient rien, et le fait déjà qu'ils m'enseignent beaucoup de choses alors qu'en 2ème année sur un tel lieu de stage nous sommes vides de connaissances (autrement dit de véritables boulets) était suffisant pour que je fasse mon maximum pour être une étudiante souriante (et agréable je l'espère).


Voilà à quoi je ressemblais dans ma blouse verte, tout sourire, avec un petit bébé là dedans qui m'a valu des demandes gênées de la part de mes patientes, genre "Vous attendez un bébé vous aussi ?", avec la tête que l'on fait quand on a peur de faire une gaffe comme demander à une femme si elle est enceinte ou juste grosse !
Je répondais alors que oui, et à toutes les autres questions: "Oui ça va même si c'est fatiguant, mais quand on fait le métier qui nous plaît ça en vaut la peine" "Oui je vais accoucher ici" "Non, voir des accouchements ne m'angoisse pas plus que ça pour le mien, même si entre les ventouses ou les périnées que l'on passe 30 minutes à recoudre j'ai parfois mal d'avance à l'idée que ça m'arrive".

Et j'étais sincère ! Même si j'ai assisté à mes premières naissances et que malgré ma préparation vidéographique et bibliographique j'ai quand même fini par dire que "c'est une vraie boucherie parfois", j'ai toujours relativisé en me disant que chaque naissance est différente. Je fais vachement confiance à mon corps, et je me dis qu'avec une bonne préparation pour le jour J et un vécu de mon travail comme ça me semblera le mieux pour moi et mon bébé, il n'y a pas de raison que mon corps ne sache pas faire et que tout se passe bien !

D'ailleurs, j'adorais utiliser l'argument du "Votre corps sait faire, nous les femmes donnons naissance depuis des millénaires, au fond de vous vous allez trouver la force" avec mes patientes que je tenais dans les bras pendant qu'elles vacillaient de douleur (souvent avant la pose de la péridurale, ou lors d'un accouchement trop rapide pour qu'on la pose). Alors peut-être que je passais pour une prof de yoga perchée qui parle de shakras et d'alignement des lunes pendant que les contractions les labouraient, mais je les ai sentie réceptives, je crois qu'aucune n'a tenté de m'étriper d'ailleurs ! Enfin, quand on leur posait leur bébé sur le ventre, elles oubliaient toute envie de meurtre !

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Tenir les patientes tout contre moi et leur parler dans l'oreille comme vous voyez sur l'image était l'une des rares choses que je pouvais faire à mon niveau, et c'est quelque chose que j'ai adoré ! C'est ce qui se rapproche plus de ma passion, un métier d'entraide, de femme pour les femmes...

Mais revenons à cette avant dernière journée de stage. 
Comme tous les matins, 
- je me suis changée dans les vestiaires tout serrés serrés où il faut faire de la gymnastique pour ne pas que tes fesses touchent celles de la personne qui se change à côté de toi "Oh bonjour madame la sage-femme ! Si votre caractère est aussi doux que vos fesses je veux bien que ce soit vous qui m'encadriez aujourd'hui !!"
- je suis allée posée ma gamelle dans le frigo en pestant contre le mâle qui m'avait piqué ma dernière crêpe lors de sa flemme de cuisiner pour faire sa propre gamelle de stage, le saligaud
- je suis allée dans la salle de transmissions, où comme dans tous les stages je devais trouver la place stratégique pour ne pas gêner la circulation de quelqu'un, en regardant discrètement sur le tableau blanc le nombre de femmes en travail qui illustre si les prochaines minutes vont être plus ou moins sportives
- je suis allée me présenter à une sage-femme en donnant mon rang de promotion, quand je dis "Bonjour, je suis Audrey, étudiante sage-femme de Ma2, est-ce que je peux vous suivre aujourd'hui ? " il faut comprendre "Bonjour, je suis un boulet vivant, qui d'ailleurs va t'annoncer dans les prochaines minutes que c'est un boulet avec un boulet dans le ventre, est-ce que je peux te traîner dans les pattes aujourd'hui mais faire de mon mieux pour t'aider (courir chercher les bassins, ça je sais faire !) ?"

Une fois présentée à cette sage-femme avec qui j'avais particulièrement un bon feeling, on est allées accueillir notre premier couple de la journée (qui allait être finalement le seul que j'allais suivre ce jour là). Un deuxième enfant, un mari blagueur, une femme patiente et souriante, qui allait mettre au monde son premier petit garçon attendu avec impatience par la grande soeur (grande soeur qui attendait juste le cadeau que son petit frère allait lui offrir, en fait)
L'avantage des journées où on ne suit pas 3 mais 1 couple, c'est qu'on a du temps pour eux. Du temps pour discuter avec eux, du temps pour rire aux blagues pourries du mari et pour enchaîner avec ses propres blagues pourries, le but étant de faire rire la mère et faire descendre ce bébé ! Du temps pour apprendre à les connaître, rentrer dans leur bulle, connaître leur monde et créer un lien si particulier dans l'attente de la rencontre avec leur enfant.
J'ai découvert un autre aspect fantastique de ce métier, on découvre des dizaines de cultures, des dizaines de combinaisons possibles de couples, avec chacun leurs histoires, leurs vécus de la parentalité et leurs manière d'appréhender cette journée. On tisse des liens forts avec certains, et on est très heureux de pouvoir les suivre de leur arrivée dans le service jusqu'à leur remontée en chambre en suites de couches.

J'ai donc passé la journée avec eux, à discuter, à imaginer ce petit garçon qu'on allait découvrir. La sage-femme me faisait faire des gestes, m'apprenait à localiser le bébé dans le ventre, chose qui s'avère vachement complexe, où j'ai juste une fois sur deux ! En même temps, sur moi c'est plus facile car vu les coups que je me prends au choix sur l'estomac ou la vessie, j'ai vite fait de localiser mon bébé !

Vers 17h, d'un seul coup tout s'est accéléré, alors que quelques minutes avant on se disait que ce n'était pour tout de suite et qu'avec le manque de chance on allait manquer cet accouchement qui se déroulerait après la relève... La sage-femme m'a fait m'habiller comme elle, en stérile, et comme à chaque fois que je dois mettre des gants stériles je me suis battue pendant encore 2 minutes avec les doigts, en me disant pour la énième fois lors de ce stage "Il faut vraiment que je m'entraîne à mettre ces gants de satan et arrêter d'être un boulet, vu comme la sage-femme et l'AP me fixent je dois vraiment avoir l'air de l'idiote du village".

Quand la femme a commencé à pousser, la sage-femme m'a proposé quelque chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas pour ce stage. Je suis passée devant elle, j'ai posé mes mains sur le bébé qui arrivait, elle a posé ses mains sur les miennes et j'ai aidé cette femme à mettre au monde de mes mains ! C'était un sentiment incroyable, incroyable de sentir la douceur de la peau de ce bébé sous mes gants, incroyable de sentir la force de poussée lors de l'expulsion à tel point qu'il faut freiner le bébé, incroyable de dégager les épaules... Ce sentiment m'a pris du fond du ventre, me faisait les jambes en coton, et quand j'ai pu poser le bébé sur le ventre de sa mère, j'ai eu un flot intense d'émotions ! 

J'étais dopée à la passion, dopée à la motivation. Je me suis dit que c'est ce que je voulais faire depuis toujours, que la chance de pouvoir toucher un enfant qui est à mi-chemin entre la vie intra et extra-utérine était précieuse et loin d'être donnée à tout le monde. Je me suis dit que je me battrai, pour jumeler au maximum mes études et ma vie de maman, que j'aurai ce diplôme et que je trouverai un endroit qui me plaira pour exercer. Parce que cette sensation est trop exquise pour que je passe à côté, et que le premier cri d'un enfant sous le regard bienveillant de ses parents n'a pas de prix.

Ce stage s'est achevé le lendemain, ce stage où j'ai eu des tas d'émotions contradictoires. La prochaine fois que je retournerai dans ces lieux, dans ces salles de naissances, ça sera en tant que patiente, et là bizarrement, je n'irai pas à reculons, je n'aurai qu'une seule hâte c'est de rencontrer ma toute petite !

jeudi 7 avril 2016

Le coup de blues des premières salles

Nota bene: Il faut savoir que cet article a été rédigé lors d'un des nombreux coups de déprime que j'ai eu lors de ce dernier stage en salles de naissances. Il reflète le mal-être que j'éprouvais à l'idée de retourner faire mes 2 dernières gardes, ce n'est donc pas la conclusion totale de mon stage dans ce service. Je ne savais pas si j'allais le publier, car je ne suis pas du genre négative, et j'avais peur que cela puisse "déranger". Et puis je me suis dit que je n'accusais personne, et que je me devais d'être moi-même, libre de mes pensées, libre de mes écrits, libre de ne pas avoir toujours le moral au top du top.

"28 mars 2016, lundi de Pâques. Pendant que certains ont encore leurs œufs en chocolat qui perlent sur le coin de la bouche, et se sentent lourds de leur repas de la veille, moi et quelques collègues de Ma2 nous levions à 6h pour partir en garde en salles de naissances.


Les salles de naissance: le stage que l'on voit comme le graal, après l'avoir idéalisé en versant notre petite larme devant chaque premier cri de bébé dans Baby Boom, après l'avoir rêvé pendant des heures sur nos cahiers de PACES...

Je me suis toujours faite une certaine idée de l'accouchement. J'ai toujours voulu faire sage-femme non pas pour les bébés, mais pour voir les femmes devenir mère, pour assister à côté animal où la mère attrape son petit gluant qui pousse son premier cri plein d'eau. J'insiste bien sûr le côté animal, car de part mes lectures, je me suis influencée et prise de passion pour les naissances naturelles, voire les naissances à la maison qui sont un peu polémiques encore en France. Ce genre de photos résument ce que je visualise quand on me dit accouchement, quand on me dit naissance:
(http://www.aufeminin.com/accouchement/39-photos-qui-subliment-le-travail-des-sages-femmes-s1374353.html#d657953-p3)


J'imagine quelque chose d'inné, d'animal, de naturel, avec certes du sang, avec certes des fluides, et de la douleur, mais quelque chose qui a traversé les ages, avec une force que chaque femme peut puiser au fond d'elle, une force que même elles n'auraient pas pu imaginer. J'imagine des accouchements qui peuvent être avec ou sans péridurale, mais avec de la liberté dans le mouvement, avec un corps que l'on laisse tranquille autant que possible, que l'on laisse faire, parce que, dans la majeure partie du temps, il sait faire.


J'ai conscience que je ne suis qu'une Ma2, que je n'ai encore pas d'expérience en matière d'accouchement, et que je dois prendre du recul. Et ce recul a été difficile et douloureux à prendre, car je n'avais pas été confrontée à des images d'accouchement médicalisé, très loin de l'accouchement naturel que j'idéalise et qui m'attire dans le métier de sage-femme. J'écris donc cet article un peu amère, de façon un peu "polémique", mais ce n'est que ma vision des choses.


Je dois apprendre à prendre du recul et constater qu'on a la chance d'être destinées à faire un métier où il y aura des multiples façon d'exercer: dans de grands centres hospitaliers avec de l'urgence, des pathologies, ou alors dans des petites structures voire dans des maisons de naissance.

J'ai juste été plongée dans une facette de l'accouchement que je n'idéalisais pas, dans un univers où je ne me suis pas sentie à ma place, de part mon manque clair d'expérience (nous n'avons fait que très peu d'obstétrique et encore moins de pathologies) et mon manque clair de confiance en moi à cause de ce bébé dans mon ventre, qui fait que je suis une étudiante qui ne peut pas malheureusement pas être vue de façon neutre par tout le monde.


J'ai fait mon stage en salles de naissances au dans un des plus grands centre hospitalier de la région, avec ce qu'il y a de mieux en manière de prise en charge médicale. Du personnel compétent, que ce soit à n'importe quelle catégorie professionnelle. Une prise en compte croissante des besoins et de la douleur du nouveau-né: on évalue la douleur des tout-petits et on cherche le moins possible à les décoller de leur maman lorsqu'ils naissent, à favoriser la peau à peau.
Ce grand centre reçoit donc de nombreuses pathologies, des mamans de toute la région qui ont une grossesse compliquée ou un bébé qui aura besoin d'une prise en charge particulière y sont hospitalisées. On voit donc toutes sortes d'accouchement, du bébé qui a dépassé son terme avec un déclenchement, au bébé qui était trop pressé et qui est né à 26SA. Il y a aussi des choses très difficiles, comme les interruptions médicales de grossesse où un enfant naîtra, mais ne poussera jamais son premier cri.

Il y a 8 salles de naissance, pour 3 sages-femmes et 2 auxiliaires de puériculture. Une porte battante nous sépare du bloc de gynécologie (et de la salle technique où sont pratiqués les accouchements à risque) où de nombreux gynécos et internes sont là toute la journée. Il y a également une grande salle de réanimation pour les nouveaux-nés, où j'ai croisé plusieurs fois les pédiatres et internes en train de faire des premiers soins sur des minuscules petits d'hommes.


On ne peut jamais savoir au matin ce qui va nous attendre, combien de dames vont venir aux urgences, combien de déclenchements seront prévus dans la journée. Il y a des journées calmes,
où seulement 3 salles sont remplies, où 1 sage-femme pourra suivre 1 patiente en globalité, pourra avoir du temps pour elle, pour discuter et prendre le maximum de ses désirs en considération.
Mais j'ai surtout expérimenté des journées tumultueuses, où les 8 salles sont pleines, où on aperçoit sur l'écran dès monitoring qu'aux urgences des patientes sont en train de contracter, et qu'il va falloir vite libérer les salles pour faire naître d'autres bébés.


Je n'ai vu quasi que des accouchements où les patientes arrivaient, étaient allongées dans un lit, un capteur au bout du doigt, 5 autres capteurs sur la poitrine, et un monitoring en continu où elles sont bercées par le bruit du coeur du bébé dont on surveille le tracé en salle, entre 2 examens que l'on pratique une fois par heure. Je n'ai pas pu voir de patiente déambuler, elles étaient seulement dans leur lit, et attendaient, péridurale branchée.
Quand le moment de pousser était venu, pas trop de choix, on défait la table d'accouchement, on met les étriers, on branche la grande lumière, et on la fait pousser seulement en position gynécologique, toujours un œil sur le monitoring. On voit arriver le bébé peu à peu, sous cette grande lumière opératoire, et on le pose sur la maman. Il pousse son premier cri, et c'est beau. Un nouveau petit humain est sur cette Terre.


Je n'ai pas pleuré la première fois. Trop sous le choc de cette image crue, de cette vision du périnée qui se déchire peu à peu, de cette patiente allongée les pattes en l'air qui avait du mal à reprendre son souffle. Une image pourtant classique de l'accouchement, je pense que très peu de femmes s'imaginent autrement qu'allongées les jambes en l'air pour pousser, que très peu de femmes connaissent les possibilités de leur corps, leur capacité à donner la vie autrement qu'alitées.
J'ai même fait un petit malaise, car cette image médicalisée s'est entrechoquée à l'image naturelle et animale que j'avais de la naissance. J'étais émue, émue d'avoir vu naître ce petit, mais bouleversée d'avoir vu sa venue sur cette planète de cette façon.


La première fois que j'ai pleuré, c'est lors de la deuxième naissance que j'ai vue. J'étais du côté de la maman, et j'admirais les gestes de l'étudiante sage-femme en dernière année qui faisait naître cette petite fille, je me disais que dans 4 ans j'aurais des connaissances et de la technique comme elle, mais que pour l'instant, j'étais juste larguée dans ce grand hôpital où j'ai encore tellement à apprendre. La petite est arrivée, et sa maman l'a attrapé, j'ai eu le même angle de vue que cette femme qui est devenue mère, et j'ai versé une larme, j'ai croisé les yeux de l'étudiante entre son masque et sa charlotte, elle était émue aussi. Je vais garder ce regard entre l'étudiante et moi comme premier souvenir d'accouchement, le reste étant complètement flou.


J'ai assisté à d'autres naissances, j'ai même pu suivre un couple adorable toute une journée, tisser un lien avec eux, et tenir la main de la maman qui n'a pas perdu une seconde le sourire alors que depuis 4h le matin elle avait de la fièvre, elle était allongée dans ce lit, on a du faire des analyses pour savoir d'où venait la fièvre, on a du la faire pousser pendant 25 minutes pour finalement intervenir avec la ventouse, on a vu sortir son petit avec un cordon bien serré autour du cou, on a du passer 1h à la recoudre.
Mais elle souriait, son petit était là, il était beau, elle était belle avec son nouveau né qui rampait dans son cou pour téter ses cheveux, son mari était beau à trembler et à être si expressif. J'avais été là avec eux, j'avais eu le privilège d'entrer dans leur intimité et de voir leur fils naître. J'ai réalisé de cette chance que j'avais de pouvoir assister à ça, et de la chance qu'ils avaient d'avoir eu une équipe médicale lors de cet accouchement qui s'est avéré quand même technique, et qui a nécessité l'intervention d'une gynécologue.


Ce stage n'a duré que 6 gardes, qu'1 semaine et demie mais ça a été douloureux pour moi. Je ne pouvais pas ne pas en parler, faire comme si de rien n'était. Je ne remets pas en cause ce service, bien au contraire j'ai pu voir comme tous étaient réactifs et prêts à parer aux urgences.

Je regarde juste douloureusement les femmes en travail alitées, les femmes en travail qui n'ont pas l'occasion de passer beaucoup de temps avec leur sage-femme, les femmes en travail qui ne sont pas pleinement actrices de leur accouchement. Je suis cependant heureuse de voir que pour certaines c'est l'accouchement voulu: le cadre rassurant des professionnels et des bruits sonores des machines. Je suis quand même amère de voir qu'il n'y a que très peu d'alternatives pour
accoucher, sans qu'il y ait de coupable, il y a énormément de patientes à gérer sur les épaules d'une seule sage-femme.


Mais ce n'est pas cet univers qui me transporte, cet univers est trop scopé pour être là naissance animale qui m'attire, pour me faire vivre la facette du métier que j'ai toujours voulu vivre au fond de moi.

J'ai encore 3 années d'études pour découvrir d'autres salles de naissances et pour trouver la distance nécessaire entre les images d'accouchement idéalisées et celles qui se déroulent dans nos salles d'accouchement françaises.


Je retournerai peut être en stage dans ce service, quand je serai plus mûre. Peut être que je vivrai différemment ce stage, quand j'aurai les connaissances théoriques et pratiques que l'école m'auront inculquées avec les semestres qui passeront. Peut être qu'alors ce sentiment amer me sera passé.

lundi 4 avril 2016

Février en suites de couches

Je n'ai pas écrit sur ce blog depuis une petite éternité (ça va, quand c'est petit c'est mignooon). On va dire que le quotidien d'une étudiante sage-femme est en général très bien rempli, que le quotidien d'une étudiante sage-femme qui bosse dans une prépa l'est encore plus, et que quand on vient mêler une grossesse à tout ça, c'est un quotidien rocambolesque !

Au mois de février, je suis partie en stage en suites de couches, enfin qui a été renommé "suites de naissance", pourtant, il y en a de la couche, et pas que de la couche propre !
C'est le service où les mamans et leurs bébés restent pendant quelques jours après leur accouchement, où elles prennent leurs marques avec leur petit (et comprennent leurs marques d'accouchement), et où les sages-femmes et les auxiliaires de puériculture sont là pour assurer soins à la maman et au bébé.
Ce stage là se déroulait tout le long du mois de février, en 12 gardes (7h-19h), 8 avec les sages-femmes et 4 avec les auxiliaires de puériculture.

J'ai commencé ma première garde le mardi 2 février, et j'allais être avec les AP. Avant de commencer un stage, je passe toujours une nuit pourrie, à me réveiller toutes les heures et vérifier que je n'ai pas loupé mon réveil (et quand celui-ci sonne à 6h, je regrette amèrement de ne pas avoir été capable de dormir comme une bûche).
J'avais tout préparé: mes crocs de gitane que j'avais lavées par amour pour mes collègues pour pas empester le vestiaire, mon plat dégueu prêt à réchauffer pour la pause de midi (j'ai choisi tous les trucs les plus écœurants de manière à faire pousser des cris de dégoût à Gnégnile à chaque pause repas: Brandade de morue, choucroute, tartiflette...), mes feuilles de gardes à faire signer, mon équipement badge-stylo-ciseaux-carnet, et j'avais même pris en bonus mon stress et ma mauvaise humeur.
Par contre, impossible de remettre la main sur mes lunettes, je reste donc persuadée qu'au même titre que les clés, ce sont des inventions de satan qui disparaissent à la dernière minute, quand on vraiment besoin d'elles. Je tâtonnais dans tout l'appartement, à moitié en retard déjà, j'ai même allumé grand la lumière de la chambre et je me suis demandée comment le mâle arrivait à encore dormir, ce monstre, pendant que moi j'allais devoir piétiner toute la journée à l'hôpital. J'ai renoncé et ait du mettre mes lentilles, pour ne pas être Renée la Taupe en stage, j'allais devoir ressembler à la junkie du coin (je ne supporte plus mes lentilles, à peine je les enfile que mes yeux s'injectent de sang tel un lapin atteint de la mixomatose)

J'ai rejoint les filles à 6h45 dans le vestiaire, elles étaient contentes puisque c'était leur deuxième jour, et étaient toutes en mode "MEUUUUH T'INQUIÈTES PAS CA VA BIEN SE PASSER", alors que je grognais qu'aucune AP allait vouloir de moi et que j'avais peur et que je me cacherais dans un placard à couches sales, parce que les culs de bébé sale, c'est pas ce qui manque dans le service.

Et finalement, ça s'est fait tout seul. Pendant mes 4 gardes avec les AP, j'ai découvert plein de choses
- On oublie à chaque fois à quel point un bébé est petit
- On sous estime la taille des vomis de bébé qui tachent la blouse devant l'œil hilare de Gnégnile qui te regarde attendrie donner un biberon
- On sous estime le pouvoir collant des premières selles d'un nouveau-né, c'est un vrai gisement de pétrole
- Le mythe du bébé qui fait pipi quand on change la couche n'est pas un mythe
- C'est petit et fragile, mais quand on tient un bébé dans les mains, au final, on ne se lasse pas de la sensation

Le rôle de l'AP au CHU est par exemple de donner les premiers bains à J1 de vie, et d'enseigner aux parents comment faire, y compris les soins de yeux-nez-oreilles-cordons. Dit comme ça, ça paraît simple mais quand se retrouve devant un humain miniature qui hurle dès qu'il a les fesses à l'air, les parents (et moi-même au début) on est vite tétanisés ! De plus, il faut un doctorat en bodies pour savoir refermer ces trucs là, celui qui a inventé ça n'était pas confronté à un truc de 50cm qui hurle à plein poumons !
Mais il y a des tas d'autres aspects: consoler les mères en plein baby-blues, aider les mères et les pères à créer le lien avec leur bébé, leur donner confiance en eux, voire garder les bébés la nuit quand la mère est à bout de forces: un matin d'ailleurs, on a débarqué dans le poste de soin avec 2 autres filles de ma promo (dont une qui n'était pas franchement rassurée par les nouveaux-nés), et elle a vite était mise dans l'ambiance, une petite fille d'un jour à peine dormait paisiblement dans son berceau au milieu de là où on faisait nos transmissions. Je pense que sa peur des bébés a vite fait place à un regard ébahi, pour ne pas dire niais, face à cette petite chose toute fraîche.

J'ai fait 2 jours à l'unité kangourou: c'est la "nursery" où sont placés les bébés un peu trop petits pour être en chambre avec leur mère et un peu trop grands pour aller dans l'hôpital d'enfants avec les autres prémas. Il y a aussi des bébés nés de césarienne ou des bébés agités que l'on garde la nuit pour permettre aux mères de se reposer, des bébés qui ont besoin d'avoir leurs constantes surveillées en permanences (pouls, température...), et plein de petits au cas par cas.

J'ai eu à m'occuper d'un minuscule petit chat, de 43cm pour un peu moins de 2 kilos: j'ai vraiment eu la sensation d'avoir une poupée dans les mains, j'étais fascinée par les finitions, par le moindre pli sur les doigts ou les orteils, qui sont banaux chez un adulte mais tellement mignons chez un petit humain miniature ! Je devenais aussi gaga que Gnégnile, jusqu'à ce que du haut de ses 43cm il me fasse comprendre qu'il était puissant et me baptise d'un jet de vomi. Les enfants, ces ingrats.

Ensuite, les 8 autres gardes de ce stage étaient avec les sages-femmes. J'entendais et apercevais des bribes de ce que l'on faisait en stage avec elles en voyant courir mes copines de promo, en les entendant parler de "guthries" (piquer les pieds des bébés comme les sadiques nous sommes), de "prises de sang" (quand je vous dis que nous sommes des sadiques), et autres "examens cliniques".
Je maîtrisais à peine le pouponnage et les bains tout mignons des nouveaux-nés qu'il fallait que j'apprenne les examens cliniques. C'est une grosse pression, car il ne faut passer à côté de rien: quand une femme vient d'accoucher, elle est épuisée (même si certaines ont l'air aussi fraîches qu'après un soin au SPA), mais elle est à risque de certaines pathologies, qui peuvent être dangereuses (hémorragies de la délivrance, infections du post partum).

J'appréhendais beaucoup ma première garde avec les sages-femmes, avec encore et toujours cette peur d'être un boulet dans les pattes des professionnels de santé ! Le premier matin avec elles, j'ai d'ailleurs assuré en matière de boulet: je suis tombée dans les pommes pendant les transmissions, alors qu'il n'y avait rien de particulièrement stressant !

J'ai assez vite trouvé mes marques à mon niveau dans ce service. Il y a des tas de choses à faire et à dire: il faut organiser le retour à la maison, parler de contraception, et parler tout court. J'ai adoré échanger avec les patientes, leur donner des conseils, et prendre peu à peu en autonomie, avec juste la sage-femme pour surveiller que je ne disais pas de bêtise !
J'ai appris à participer aux examens cliniques. Je veux bien vous expliquer ce que c'est, de ce que j'en ai appris, mais pour ceux qui sont un peu sensible, sachez que c'est tout sauf glamour, et que ça ne donne pas du tout envie d'accoucher ! Les examens cliniques consistent à vérifier l'état général de la patiente (ses constantes, sa pâleur, car mine de rien, accoucher c'est un vrai marathon et il peut arriver que l'on perde beaucoup de sang), la poitrine (car une montée de lait, ça arrive du jour au lendemain, on peut passer en quelques heures du stade de limande à celui de Nabilla botoxée), le ventre (en post partum on garde une petite brioche déprimante, car l'utérus est encore tout gros, et il faut le palper pour s'assurer qu'il est bien tonique), le périnée (s'assurer que les saignements sont normaux, et que les oedèmes et autres réjouissances telles que les sutures et hémorroïdes se remettent), les jambes (les phlébites sont très courantes en post partum).

Ce stage a aussi été l'occasion de me perfectionner en matières de soins infirmiers: pansements de césarienne par exemple, mais surtout: prises de sang ! Telle Dracula, j'ai ponctionné des dizaines de tubes au cours de mes gardes, et je n'ai bizarrement fait de bleu à personne (alors qu'en m'étant entraînée sur ma meilleure amie - consentante je vous rassure - je lui ai laissé un bleu pendant plus d'une semaine).

J'essayais d'être la plus douce et la plus rassurante possible avec ces mamans qui ont toute leur histoire, toute eu un vécu différent de l'accouchement et de l'accueil de leur petit. Cela semble avoir porté ses fruits, car je suis partie de ma dernière garde avec une super évaluation et un grand sourire:

Côté grossesse, j'avais fait le choix de ne pas en parler, à part à la cadre, au cas-où j'ai un petit soucis qui nécessite un détour aux urgences (soit l'étage en dessous !). Je ne jugeais pas nécessaire que l'équipe d'AP et de SF qui m'encadre soit au courant et me voit différemment par rapport à mes collègues de promo, dans le sens où mon ventre (qui a certes gonflé au cours du stage car je suis rentré dans le 5ème mois !) se camouflait plus ou moins sous ma blouse, du moins donnait le bénéfice du doute aux autres "Elle est grosse ou enceinte ?"

dimanche 7 février 2016

Résumé de janvier 2016

Le mois de janvier est passé à vitesse grand V, et comme je le savais il allait être tout sauf agréable, malgré mon anniversaire. J'allais devoir jongler entre démarches pour la grossesse, démarches pour l'ancien appartement, démarches pour le nouvel appartement, déménagement, et partiels.

Dans la vie, tu as plusieurs niveaux de difficultés, en ayant choisi ces études j'ai choisi le level HARD, en tombant enceinte je suis passée au niveau VERY HARD, et en voulant faire dans la même semaine partiels et déménagement, je suis passée au niveau MASOCHISTE EXTREME.

Début janvier, on a plutôt bien commencé en voyant bébé chat à l'écho (et sa petite mimine dans le cadre vert):
 
"HEY SALUT, TU VOIS LES SALTOS QUE JE FAIS LA ? Bah bientôt ça sera sur ta vessie, toi qui partait en expédition aux WC 2 fois par nuit tu vas devoir y camper !"

Mais là, les papiers se sont accumulés, et les coups de fils à tous les organismes aussi. Je crois que j'ai failli engager un marabout d'Afrique pour que mes démarches arrêtent de foirer: on était MAUDITS. Je passais une heure au téléphone en sachant que le lendemain j'allais devoir recommencer à 0, j'ai passé tellement d'heures avec Bouygues qu'à la fin le mec d'Internet aurait pu venir boire un coup chez moi ça m'aurait pas choqué. POUR NE TOUJOURS PAS AVOIR INTERNET EN FÉVRIER.

À côté de ça, les cours du mois de janvier sont aussi passés au niveau difficile: on a commencé toutes les pathologies cardiaques, vasculaires, respiratoires, neurologiques, avec tous les traitements qui vont avec et toutes tes larmes qui coulent quand tu essaies de les apprendre en sachant pertinemment qu'en tant que SF tu ne pourras toujours pas les prescrire.

J'aurais dû travailler au fur et à mesure, j'aurais dû suivre Gnégnile et Matilde à la BU comme les élèves studieuses qu'elles sont au lieu d'aller dealer du shit dans la cité me prendre la tête avec tous les coups de téléphone pour qu'au final tout foire.

On a eu une semaine de révisions, la semaine du déménagement, et celle de mon anniversaire. J'ai du tout apprendre à la dernière minute, en faisant promettre aux filles de me forcer à aller à la BU avec elles le semestre prochain contre vents et marées (en sachant pertinemment au fond de moi que je les enverrai se faire voir à 17h après avoir passé un aprem à lutter contre le sommeil en cours, que j'aurai juste envie de poser mes fesses sur le canapé).

J'ai réussi, à coup de BU, de crises de larmes, de crises de stress, et autres émotions décuplées par mon état (j'ai pleuré en regardant le début de Dumbo, j'ai bien cru ne jamais m'en remettre). Je suis venue à bout de ma semaine de révisions, et je me suis levée le 27 janvier, d'une humeur massacrante pour aller en partiels.

Comme j'ai choisi le niveau MASOCHISTE EXTREME, l'école s'est adaptée. On a passé nos 6 épreuves dans la même journée: on a tout enchaîné de 8h à 16h, avec une pause le midi (juste assez pour toutes s'entretuer avec le stress).
Je fonctionne comme en PACES, je stresse à mort jusqu'au matin avant d'y aller, et quand j'ai franchi l'enceinte du bâtiment, je me dis "foutu pour foutu", et je prie le Dieu du Hasard. D'ailleurs, cette année j'ai prié et le Dieu du hasard et la bête dans mon ventre, en espérant que les connaissances de son père me seraient transmises, pour l'épreuve de cardio et de calculs Gnégile et Matilde étaient tellement désespérées qu'elles imploraient le bébé en touchant mon ventre telles des sangsues.

Les matières que j'aimais le plus apprendre (pédiatrie et physiologie) ont été les plus vaches, alors que celles que je redoutais (bactério et cardio) ont été données. Donc dans l'ensemble, ça s'est compensé, et j'ignore quand j'aurai les résultats de mes partiels étant donné que je n'ai toujours pas mes notes de CC d'octobre !

Mais c'est mon autre principe avec le "foutu pour foutu", quand c'est fini, ON EN PARLE PLUS !
Maintenant, il faut juste se remettre du stress de janvier, et profiter peu à peu de notre nouveau petit nid, où la chambre du bébé est pour l'instant un bureau ce qui nous fait passer pour un couple d'étudiants richous (qui font leurs courses à Aldi). Je sais qu'avec le recul, les bons souvenirs de janvier l'emporteront sur les cotés négatifs, car au final tout s'est bien fini, mais sur le coup, je faisais pas la maligne.

Et peut être qu'en priant un marabout, on aura le chauffage dans le nouvel appart: quand je vous dit qu'on est maudits, on l'est jusqu'au bout ! Pour l'instant, vivre dans 18 degrés ça va, mais quand je vais devoir me lever à 6h00 pour aller en garde, je crois que je vais tirer la gueule dans mon pyjama en pilou-pilou.

(Le stress ça fait grossir)
(Oui j'ai passé un très mauvais mois de janvier, je suis devenue vieille du haut de mes 21 ans)

samedi 6 février 2016

Résumé de décembre 2015

Après cette annonce monumentale, j'ai du recommencer à vivre au quotidien, en sachant que j'étais un kit 2 en 1, et que je voulais garder ce secret encore un petit moment, Parce qu'on est à l'abri de rien.

Et accessoirement, être étudiante sage-femme et enceinte, c'est la DÈCHE. Car tu deviens paranoïaque.
Déjà, en tant que primipare (femme qui attend son premier enfant), tu es la paranoïa même et tu es prête à tomber dans n'importe quel piège marketing pour protéger cette précieuse chose (qui te fait des douleurs ligamentaires en mode coup de couteau dans les fesses: les enfants sont merveilleux) et tu achètes n'importe quel gadget, genre même la crème anti-vergetures en novembre alors que tu sais que tu ne seras pas une baleine avant février-mars.

Mais quand tu cumules primiparité + étudiante sage-femmité, tu peux croire à n'importe quel théorie du complot qui concerne toute chose intra-utérine, ou extra-utérine. "MON DIEU NE SUIS-JE PAS EN TRAIN DE FAIRE UNE GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE ?". Tous les jours, en cours, on t'enseigne les pathologies qui peuvent faire de ton précieux embryon un humain sourd, muet, aveugle, ou analphabète.

(Déjà qu'à ce stade de la grossesse il est pas excessivement beau, t'as pas envie qu'il cumule tous les handicaps possibles)

Alors tu deviens la casse-couille de la nourriture. Tu ne sais même pas si tu peux boire sereinement ton verre de lait sans attraper la listériose. La listériose c'est une bactérie qui se développe dans la charcuterie, le poisson cru et qui est fatale pour le foetus.
Oui, charcuterie et poisson cru. J'AI DU DIRE NON AU JAMBON CRU DE MON GRAND-PÈRE A NOËL, MON PLAISIR DE L'APÉRO DE NOËL. (Et j'ai accessoirement maté le papa en mode psychopathe pendant qu'il mangeait le jambon cru, lui ordonnant de "le savourer et t'as intérêt à me ramener ça et des sushis le lendemain de mon accouchement, si tu me ramènes autre chose que ça, même des fleurs, tu seras recalé devant la porte").

Oui, parce qu'on a pas le droit aux sushis non plus, et que bien-sûr c'était ma seule envie de femme enceinte, en ce début de grossesse. Et je valide, ce n'est pas un mythe: quand on me refuse une envie de nourriture je pleure de façon incontrôlée, ainsi nous avons mangé pendant 1 semaine des Tender's de KFC, et la semaine suivante des artichauts (il ne faut pas chercher à comprendre des fois !).

Mon stage s'est fini tranquillement, et je suis retournée en cours fin novembre.
Il fallait se sortir les doigts du le fondement bouger, car nous avions des CC en décembre. Les CC, aussi appelés contrôles continus ou suppositoires de Satan, ce sont des mini-partiels, à petit coefficient, qui comptent pour le pourcentage de la note finale d'un UE.

Nous devions passer le CC d'Agents Infectieux (en gros les bactéries/virus/parasites: intoxications alimentaires, morve et autres vers solitaires) en premier. Dit comme ça, ça paraît peu ragoûtant mais pas très compliqué, pourtant c'est à mon goût la matière la plus dense du premier semestre, vous n'imaginez pas le nombre de bactéries qui peuvent vous refiler la diarrhée.

J'ai d'ailleurs loupé le traditionnel repas inter-promos de fin d'année de l'école de sages-femmes, dans un petit restaurant tout mignon en centre ville. Oui, quand vous achetez un Quick, vous vous achetez un ticket pour la gastro, ils sont sympas, c'est offert avec le menu XL. Mais d'après les filles c'était un super moment, où chacune doit emmener un petit cadeau à offrir à une fille de l'école au hasard (il y a des étudiantes de toutes les promos). Ça permet de se rencontrer, un peu moins alcoolisées et un peu plus classes qu'au WEI, avec du foie gras en bouche.

Ensuite, nous avions le CC d'UE2, je sais même pas le nom de la matière, mais en gros c'est la physio. Je connaissais par cœur le mécanisme de la miction (en gros de comment ça se passe dans la tête quand tu vas faire pipi).

En écrivant ces lignes, je m'aperçois que ce qu'on apprend à l'école de sages-femmes relève beaucoup des fluides corporels, mais qu'on s'y habitue. On peut parler de choses dégueus tranquillement à table (enfin, pas trop dégueus, car quand on case le mot Verrue à Gnégnile qui essaye de prendre le petit déjeuner tranquillement on se fait engueuler comme du poisson pourri).

Puis, peu avant les vacances de décembre, nous avions le partiel d'option à passer. Cette fois-ci, c'était un vrai partiel car nous avons la possibilité de prendre des options qui sont mutualisées avec la fac de médecine.

J'ai donc passé mon UE L'enfant en décembre, après avoir appris des choses vachement intéressantes sur le développement, et m'être confortée dans l'idée qu'ils ont beau être attendrissants, ils sont quand même un peu berlauds à la naissance, mais qu'il ne sert à rien de "laisser pleurer un nouveau-né pour lui apprendre la vie" comme vous dira Tata Jacqueline à la maternité, après vous avoir dit de "mettre de la farine dans son biberon, il fera sa nuit".
Dans cette UE, il y avait des cours chiants scientifiques où on étudiait le développement des papilles gustatives. Saviez-vous que le gras était une saveur ? Genre salé, sucré, amer, acide, et GRAS ? Je pense avoir une surproduction de papilles qui aiment le gras, d'où mes envies récurrentes de Macdos et autres Pizza Hut.

Le vendredi juste avant les vacances de Noel, j'ai fait un combo d'émotions:
-    J'ai dû annoncer à la promo que non, je n'avais pas pris mes kilos de noël avant noël, mais que j'avais bel et bien un petit bébé dans le ventre, et que oui, quand on vomit sa pilule elle n'est plus efficace, et que oui, ça allait être chouette parce qu'elles allaient pouvoir se battre à me faire accoucher pour celles qui seront en stage en salle de naissance courant juillet
-    On nous a attribué un appartement tout beau tout neuf avec 2 chambres, des petits bouts de jardins et donc une belle promesse de nid douillet pour notre petit chat
-    J'ai été embauchée dans une prépa pour être tutrice sage-femme, avec Matilde, celle-là même qui avait écrit le si bel article sur mon blog. Je vais donc pouvoir avec plaisir préparer au concours des P1 qui veulent être sage-femme, et j'espère faire de mon mieux pour les rassurer et leur expliquer l'unité foeto-placentaire. Bon, avec mon gros bide ils pigeront vite que j'ai compris le cycle de la vie, je devrais ne pas trop perdre en crédibilité.


Je suis donc partie en vacances de noël épuisée, mais heureuse, avec une promesse d'année 2016 qui va être plus que mémorable.
Et en 2 ans de P1 j'avais oublié ce que c'était que de pouvoir profiter des vacances de Noël sans penser à un concours à la rentrée, les partiels sont fin janvier, donc on est laaaarges (du moins dès qu'on ouvre un cahier, on se dit ça !)

jeudi 4 février 2016

Et la surprise de l'année 2016 est attribuée à...

Non, je n'ai pas abandonné ce blog ! J'ai juste eu un petit (qui deviendra gros) contretemps qui a fait que je ne me voyais pas écrire autre chose dans mes articles sans avoir à parler de ce qui va changer la donne de toute ma vie !

Pour comprendre, il faut revenir au mois de novembre 2015, le 10 novembre 2015 si on veut chipoter sur la date.


Je me revois dire "Oh la vache. C'est pas vrai !!" quand la jeune infirmière de la médecine préventive m'a posé le test sous le nez en me disant "Ha bah oui, on voit bien une deuxième ligne"

Un beau positif, une deuxième ligne qui signifiait tellement de choses mais qui me tombait dessus de nulle part, moi qui prenait sagement ma pilule et qui avait pour projet de continuer à apprendre à faire naître les bébés des autres dames plutôt que d'avoir à apprendre à faire naître le mien.

Je ne saurais dire quel sentiment prédominait en moi à ce moment là. J'avais 2 parties de moi qui se bataillaient mon humeur: mon côté femme-qui-comptait-devenir-mère-un-jour qui sautait de joie en mode "Si ça c'est pas une belle surprise que te fait la nature !" et ma partie pragmatique qui me disait "Bon ben la vie a décidé de te mettre dans la merde jusqu'au cou"

J'ai un souvenir assez flou de la visite chez le médecin, qui m'a mise en garde et m'a demandé de bien réfléchir à ma situation. Genre je te force pas à avorter mais n'oublie pas que les hommes sont tous des salauds surtout les médecins et que tu vas te faire larguer et que tu seras une grosse daube tuche.

J'avais peur, je faisais pas la maligne. Parce que si pour moi une grossesse était la chose à laquelle je m'attendais le moins cet après midi (même si mon retard que je pensais habituel aurait pu me mettre la puce à l'oreille), je pense que c'était pire pour mon copain.
Je tremblais comme une feuille. Je ne me souviens plus trop de l'annonce qui était tout sauf romantique, car pour le coup apprendre que j'étais enceinte relevait plus de l'ouragan dévastateur que de l'arrivée d'une petite cigogne toute mignonne.

On était paumés. Aussi bien l'un que l'autre.
Le plus dur à vivre était de me dire qu'au creux de mon ventre se fabriquait le mélange parfait de celui avec qui je veux faire ma vie et de moi, mais que ce mélange parfait était arrivé au mauvais moment. Qu'au fond de moi, je voulais le garder, mais l'imposer à mon copain relevait de l'égoïsme pur et dur.

Le soir même je suis partie en garde à la maternité. En faisant mes soins, en sentant mes petites crampes dans le ventre je prenais peu à peu conscience de ce qui se tramait, que ces petites cellules aussi grandes qu'une graine de pavot allaient prendre de plus en plus de place et devenir un être humain, si nous lui en laissions l'occasion.

Est-ce que j'étais prête à accueillir cet être humain ? Est-ce que NOUS étions prêts à accueillir cet être humain ?
Je pensais à toutes les opportunités que j'allais manquer si on gardait le bébé: plus difficile de partir en week-end ou de faire des sorties à l'improviste, une plus grosse organisation pour nos stages et nos études, ne plus être que "nous 2" mais "nous 3"
Et je pensais à tous les autres côtés du quotidien. Se réveiller le matin et prendre notre petit dans le lit pour faire des câlins, avoir quelqu'un qui nous donne encore plus envie de nous battre pour nos études pour lui assurer un bel avenir, vivre plein de moments forts dans notre vie de parents.
Toutes les belles choses qu'un enfant peut nous apporter tous les jours vaillent bien le sacrifice d'une sortie de temps en temps.

On a 20 ans, on est dans des études difficiles, on vit l'un avec l'autre dans notre chez nous, on a envie de voyager, on a envie de continuer à se faire des restaurants à l'improviste et de vivre pour nous 2
On a 20 ans, on est dans des études qui nous assurent un avenir stable, on veut bien ouvrir la porte de notre cocon, c'est un enfant et pas une malédiction, on vivra plein de superbes moments à 3 et sans doute encore à 2.
On a 20 ans, on s'aime plus que tout au monde, quand il y a de l'amour pour 2, il y en aura pour 3, et en plus de ça, il y aura toute la force que peut s'apporter une famille. Notre toute petite famille.


Dès les premiers jours où j'ai appris que j'étais enceinte, avant même d'arrêter de me surprendre en écrivant "Je suis enceinte", avant même de prendre conscience et de sentir que le bébé commençait à bien faire son nid (et à me labourer gaiement l'utérus, je pense qu'il fait honneur à ses origines campagnardes), j'ai pensé à l'organisation, particulièrement à l'organisation de nos études.

J'accouche fin juillet 2016.
Je ne suis pas la seule étudiante sage-femme à avoir eu un bébé pendant ses études donc je sais que c'est possible, et surtout je suis plus que jamais motivée à assurer pour que mon entourage et mon petit soit fier de moi.
Et puis vivre son accouchement et sa maternité, n'est ce pas un des Travaux Pratiques les plus efficaces pour une future sage-femme ? Enfin, c'est ce qu'en ont dit mes professeurs. Je prends conscience de leur côté sage-femme quand je suis amenée à parler de ma grossesse avec elles, et dès que notre choix à été fait je leur ai parlé de mon projet de jumeler bébé et études, je n'ai obtenu que du soutien et des encouragements de leur part. Une raison de me dire que même si je vais devenir un baleineau d'ici quelques semaines, je serai un baleineau très motivé et je ferai tout pour le bébé, son papa et notre avenir.

Mon chéri passe son concours d'internat très bientôt.
Et là le petit pourra se la péter en mode "Et ouais mon papa c'est un médecin, même que c'est lui qui m'ausculte. ET MAIS ATTENDEZ ? Je me fais trop arnaquer dans l'histoire, je peux même pas faire semblant d'être malade pour sécher la crèche !"

Nous avons fait le choix de garder cet enfant non pas sur un coup de tête mais après mûre réflexion, car c'était tout sauf prévu, et ce bébé surprise a un peu chamboulé notre confort quotidien. J'avais besoin de justifier, et de clarifier cette situation, car il suffit que nous ne soyons pas dans les cases pour nous faire tailler: c'est sûr que nous nous sommes plus qu'écartés du schéma du bac-fac-petit studio-soirées beuveries-après seulement tu rencontres l'amour de ta vie-tu voyages-tu te maries-et longtemps après tu fais des enfants.
Alors oui, ça va sans doute jaser dans notre dos, parce que nous ne sommes pas comme les gens de la vingtaine lamba, parce qu'on aura un autre quotidien que les autres. Alors oui, il y aura beaucoup plus de cadavres de biberons que de cadavres de bière dans notre appartement. Alors oui, nous passerons des soirées devant les Disney tous les 3 en pyjama et non pas dégoulinants de sueur et de vodka dans la boîte du coin.
Mais l'essentiel, c'est que tout le monde y trouve son compte, à partir du moment où l'on comprend que l'on a beau vouloir tout programmer dans la vie, le destin nous joue parfois des tours, et ça nous suffit pour être heureux. La vision du bonheur et de la réussite n'est pas la même pour tout le monde, et tant qu'on est bien là où on est, c'est le plus important.

Mais nous nous sommes sentis prêts, mûrs, stables et surtout plein d'amour pour ce mélange de nous 2 qui grandit doucement dans mon ventre.


Et quand il grandira sur cette planète, nous ferons tout pour le protéger des mauvaises langues et lui assurer le meilleur avenir qui soit, avec tout l'amour que nous avons en réserve (et autant dire qu'on en a des tonnes et des tonnes !)