Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

mardi 10 novembre 2015

La continuité de mon premierr stage en gynécologie

J'ai kiffé ma race ces 2 dernières semaines en stage. Au fur et à mesure, on m'a laissé de plus en plus de choses à faire.

Je pense qu'en tant que stagiaire, première année qui plus est, nous avons un rôle de plante verte. Je me suis dit quitte à être une plante verte
1) Essayer de survivre pas comme mes plantes vertes à moi qui meurent toutes
2) Autant être utile en stage et aider autant qu'on peut aider
3) Être une plante verte qui considère que tout le monde a des choses à nous apprendre

J'ai donc fait masse de toilettes (pas les meubles, sur les humains), fait masse de lits (cette fois-ci les meubles), mais peu à peu je me suis incrustée approchée des infirmières pour qu'elles m’apprennent les soins infirmiers (en même temps, elles allaient pas m'apprendre la plomberie)

J'avais déjà fait fièrement des petites piqûres dans les cuissots des pauvres patientes et une prise de sang qui m'avait mise toute en émotion.
Mais j'ai appris à préparer mes injections, à préparer mes perfusions (en évitant de laisser des bulles, parce que c'est connu que les bulles d'air dans les vaisseaux c'est pas le top pour garder un patient en vie), à faire des pansements...

Au tout début de mon stage, quand je voyais les étudiantes infirmières déjà là depuis quelques jours je me sentais naze au possible. Je ne comprenais rien à l'armoire de médicaments, rien aux noms de médicaments et je tremblais tellement à la moindre préparation de médoc que j'ai failli me couper avec une ampoule. Je me dois d'être honnête: je n'ai pas failli, je me SUIS coupée avec une ampoule !

Et en quelques temps, avec des infirmières et autres élèves qui ont su me booster j'ai été lâchée dans la jungle, en autonomie.
Je prépare mon petit chariot de soins, et je fais le tour des patientes avec les soins qui sont programmés. Comme une grande ! Et même que je n'ai tué personne et que je n'ai pas encore lancé d'épidémie nosocomiale. A vrai dire je me lave tellement les mains à la solution hydro alcoolique que je ne comprends pas comment elles ont fait pour ne pas être à vif et ressembler à 2 gros steaks saignants !

J'ai aussi découvert les gardes de nuit. Dans mon service, c'est de 19h à 7h du matin. Je vous fais un bref résumé
- tu arrives à 18h30 toute fraîche dans le vestiaire, tu mets ta tenue et tu maudis discrètement tes collègues qui viennent de finir leur journée et qui vont rentrer tranquilou au chaud chez elles
- tu arrives dans ton service, transmissions et tu te retrouves seule avec 1 infirmière et 1 aide soignante pour TOUUUUUT le service (mais j'ai encore eu la chance de tomber avec des filles super sympathiques)
- entre les soins, pansements, injections et autres joyeusetés tu manges ton repas du soir à 00h. C'est trop cool, t'as l'impression de réveillonner. Sans les huîtres. Avec de la purée et du jambon. Bon les chocolats rattrapent le lot.
- tu prépares les soins pour la nuit à venir, toutes les 2h tu réveilles sadiquement les patientes (en fait c'est pas pour le fin mais pour surveiller leurs constantes post opératoires)
- et tu te retrouves à 4h du matin à ne savoir que faire, tu as fait tout ce que tu avais à faire, et ton prochain tour est à 6h
- tu te traînes jusqu'à la fin de ta garde avec une coupe de cheveux à en faire pâlir Cristina Cordula (Oh la la ça va pas du tout ma chewiiie)
- tu rentres chez toi ET TU TE JETTES DANS TON LIT. Puis tu te souviens que tu y retournes ce soir, parce que tu enchaînes 2 gardes de nuit.

Il y a quelque chose qui m'a particulièrement touché en stage. Un événement assez fâcheux, pour la première fois j'étais témoin d'une situation assez taboue, la violence médicale. Un médecin a été horrible avec une patiente.
Je n'avais jamais vu quelqu'un souffrir comme ça, jamais vu quelqu'un s'acharner sur une autre personne faible comme ça, sous couvert d'une blouse blanche et du "Je sais ce qui est le mieux pour vous madame. Je veux pas vous entendre chialer si vous avez mal".
Il est parti en claquant la porte. Je me suis retrouvée seule, chamboulée et écoeurée par la scène à laquelle je venais d'assister. J'ai fait alors tout ce qui était en mon possible pour calmer cette patiente qui avait une énorme tolérance à la douleur, mais qui venait de craquer dans une énorme crise d'angoisse.
J'ai fait alors ce pour quoi j'ai choisi ce métier: pour être dans une relation de confiance mutuelle, pour calmer cette patiente en respirant avec elle, en la touchant doucement, sans quitter ses yeux. J'ai passé de longues minutes à tout faire pour absorber sa douleur, pour qu'elle retrouve une respiration calme et puisse apaiser sa douleur.
Quand elle s'est calmée, je suis sortie de la chambre et je me suis effondrée. J'avais essayé de prendre toute sa douleur, et j'avais trouvé la scène ignoble et injuste. J'étais en colère et j'étais dégoûtée.
Quelques jours plus tard j'ai eu le bonheur de revoir cette patiente sourire, rire puis remarcher. Méconnaissable. J'ai continué à tisser des liens avec elle lors de mes soins quotidiens.
Et un jour, comme si de rien n'était, elle a reparlé de la scène. "Je n'ai pas oublié ce que vous avez fait pour moi ce jour là". Et j'ai eu ce cadeau, accompagnée d'un magnifique message

"Il est un fait indubitable, Vous m'avez extrêmement touchée par votre geste délicat. Ne trouvant pas les mots pour vous exprimer toute ma reconnaissance pour la générosité, la gentillesse et l'écoute que vous avez manifestées à mon endroit; 
nos moments passés ensemble resteront gravés dans ma mémoire"

J'ai versé ma larme (pour changer). Cette petite attention, couplée à ces "tu es faite pour ça" qu'on m'a répété plusieurs fois en stage m'ont confortée dans l'idée que j'avais trouvé ma voie.
Pas dans le sens où je fais ça pour avoir des honneurs. Dans le sens où les gens comprennent mon intention, mon envie de les rendre bien, de vivre de vivre au mieux leur hospitalisation (et pour les futures et jeunes mamans leur maternité).

Je rentre chez moi tous les soirs avec le sourire et je raconte mes histoires fièrement à mon chéri, qui trouve ça attendrissant ma fierté de faire une petite piqûre alors qu'il recoud des gens OKLM en garde.
Mais bon, il a intérêt d'être fier de moi et de le témoigner. Parce que j'ai tout le nécessaire pour faire des prises de sang chez moi, et s'il se moque de moi, un hématome est très vite arrivé... Mouhahahahahahahhaha (J'espère que vous aurez compris que c'est du 39387373e degré)

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